Beaucoup de choses sont arrivées, récemment. Enfin, récemment… Dernièrement, plutôt.
J’ai enfin pu reprendre le taff. Ma cage thoracique a bien cicatrisée et les médecins sont encourageants pour la suite. Je dois quand même continuer à y aller de façon plus ou moins régulière – on va dire une fois tous les trois mois, maintenant, pour faire un check-up. Mais sous peu, je pourrais reprendre la course à pieds et ça, c’est une bonne nouvelle. J’arrête de m’étouffer aussi dans mon sommeil, la nuit. Autre bon point.

Je pensais que le karma avait un peu arrêté d’être un fils de pute avec moi. Lilas m’avait fait parvenir des infos, je ne sais pas trop comment, sur un type que j’ai vite reconnu. Parce qu’il avait un tatouage d’anguille sur lui. Le même que… Bref. J’ai creusé cette piste, qui m’a rebooté pour faire les recherches sur ce qui est arrivé à Jal. Je lâcherai pas. Jamais.

J’étais quand même bien dans ma tête, mon corps. Et mon cœur. Du moins je le pensais. Parce que ouai, j’ai réalisé que j’avais des sentiments pour cette fille. Lilas. Au début, je ne savais pas trop comment faire. Et puis, je me suis juste jeté à l’eau, comme ça. A l’instinct. A la spontanéité.

Bordel, le râteau a été plus solide qu’un mur. Je m’y attendais pas. Mais voilà. Elle m’a expliqué être malade. Très malade. Et qu’elle voulait pas se mettre dans une relation à cause de ça. Ok. Je comprends. J’aurais sans doute fait pareil à sa place.

Ça n’empêche que ça fait mal.

Ce soir, j’ai été invité à une représentation de théâtre. Louve joue dedans. C’est vrai qu’on a un peu échangé par mail dernièrement, mais j’avoue que j’étais peut-être (sans doute) un poil expéditif pour lui répondre. J’espère qu’elle ne l’a pas pris trop personnellement. Elle avait rien à voir avec tout ça.

La pièce m’a changé les idées, c’était plaisant. Très longtemps que je ne m’étais pas posé dans une salle de spectacle, ça m’a rappelé des souvenirs. C’était grisant. Et ça m’a permis d’oublier, un peu. Pendant quelques heures. Je ne demandais rien de plus.

La pièce terminée, je m’apprêtais à rentrer chez moi. Je m’étais dit que Louve allait sans doute être occupée à se faire féliciter par tout le monde et que j’aurais le temps de lui donner mes retour par mail. C’aurait pas été plus mal, je crois.

Sauf que non.

J’ai senti une pression sur mon bras et je l’ai vu là. Les yeux brillants et le sourire débordant. Ça m’a fait plaisir de la voir ainsi. « Salut! » Je lui souris en retour. « Ouai, franchement, j’ai pas vu le temps passer ! Tu t’es donné corps et âme à cette pièce, ça s’est vu. Et ton rôle était super imprégné ! » Je sais pas trop si on peut parler de critiques positives parce qu’à mes oreilles, ça sonne bien débile.

Elle est vraiment gentille, Louve Enfin, depuis le temps qu’on discute par mails, j’avais eu largement l’occasion de m’en apercevoir. Mais en vrai, en face à face, c’est pas pareil. Y’a toujours un truc en plus. « Non, t’inquiètes pas pour ça, franchement si je m’étais ennuyé, je me serais… endormi, j’pense, ahahah. » J’en suis pas spécialement fier mais je suis pas mal en manque de sommeil, dernièrement. Entre l’emménagement de Sam, les affaires que je suis et le reste, c’est pas simple. Encore plus avec la mandale sentimentale que je viens de me manger. Bordel, faudrait que j’arrête d’y penser. Ouai, j’ai de super auto-conseils parfois. Quel connard je suis.

M’enfin, je vais pas arrêter de parler juste parce que je me sens pas bien. C’est pas cool. Et Louve n’a pas mérité ça. « Hésites pas à continuer de m’en envoyer. Et si jamais, je peux aussi te passer mon numéro de portable, ce sera peut-être plus simple ? » On a pas tous un ordinateur a porté de main et je suis bien placé pour savoir que d’écrire un mail sur téléphone ça peut être galère. Sauf pour la famille et les amis proches mais bon, avec un minimum de forme…. En tout cas moi ça me prend la tête. Peut-être que je fais une généralité pour rien, mais pour l’instant, j’ai pas l’envie de penser à ça.

« Tu tiens le coup, toi, avec toutes les répétitions et le palais ? » Parce que pour me rappeler des miennes, de répétitions, parfois j’ai cassé en douze. Et elle avec les cours au palais, ça doit être putain d’hardcore. Mais bon, au moins, elle a l’air d’être épanouie dans ce qu’elle fait. J’imagine que c’est la meilleure chose pour l’instant. Un peu de positif, même si ça me concerne pas vraiment, j’avoue ça fait du bien.

Ça va, elle ne m’a pas pris pour un pervers qui veut profiter de son euphorie de l’instant pour piquer son numéro. J’ai encore un peu de fierté à disposition. Je souris en prenant son téléphone pour y rentrer mon numéro. Ceci fait, je lui rend, toujours avec un petit sourire sur les lèvres. Je lui laisserais m’envoyer un message, histoire que j’ai le sien en retour. Enfin, si elle veut. Je force rien, jamais. C’est pas mon style. Au contraire, même j’ai tendance à toujours laissé trop d’ouverture, il parait. Et à réagir de façon excessive – toujours il parait – quand je vois un abus. Ça me fait penser à Sony que j’ai manqué de dézinguer sur place sur un malentendu. Ahahahah. En vrai ça me fait pas rire, je suis trop débile. Déso bro. Faudra qu’on ait cette conversation un jour, d’ailleurs.

Mais bref, je vais pas m’égarer dessus. J’écoute Louve me parler d’elle et de comment elle gère les répétitions en plus des cours. C’est vraiment top, je suis content pour elle. Je me souviens de la mort que c’était parfois, pour moi et l’équipe, de se retrouver. Entre les cours et le reste, parfois on devait improviser sans un ou deux des acteurs et franchement, c’était pas la joie tout le temps. Mais si elle, elle peut avoir un truc qui s’aménage bien, tant mieux pour elle. Ça lui permet de vivre sa passion à fond et y’a rien de meilleur que ça. J’en suis convaincu.

Et le sujet de ma personne s’amène sur la table. Outch. Compliqué, j’ai pas trop envie de la souler avec mes histoires de cœur – pour ne parler que de ça, ahah. Je capte après seulement quelques secondes de réflexions qu’elle parlait tout bêtement de mon hospitalisation, l’année dernière. Putain, j’ai pas vu le temps passer depuis. C’est ouf.

« Ah… Ça. Ouai, ouai t’inquiètes, ça va. Pas de quoi fouetter un chat. Je vais mieux même si je dois encore me faire un peu suivre. » Rester évasif. C’est pas un truc que j’apprécie d’aborder de ouf donc on va limiter les dégâts et s’en tenir à l’essentiel. Ce sera mieux pour tout le monde.