• Comment es-tu arrivé à Fosterhampton : on l'a invitée à venir. Elle est trop polie pour dire non/bus/
• Tes proches, que pensent-ils de ta présence ici : sa famille est fière d'elle
• Où as-tu grandi et avec qui : à Aberdeen avec ses deux parents et ses trois frères
• Tes parents, tu peux nous dire quoi à leur sujet : elle les adore, ils l'ont toujours soutenue.
• Tu as des frères/sœurs, tu peux nous en parler : trois frères aînés yep. Ce sont tous des chenapans (à croire que c'est de famille). Mais Quara les aime et ils le lui rendent bien.
• Tu as une passion : l'athlétisme en général, mais surtout le saut à la perche et le sprint.
• Aimerais-tu quitter cette ville : elle vient juste d'arriver donc difficile à dire. Mais sa famille lui manque déjà.
• Comment vois-tu ta vie dans dix ans : à fendre le vent sur les pistes des JO duh.
“
Maman maman c’est Quara ??-
Elle est toute petiiiiite !-
Hé, poussez-vous je vois rien !-
Du calme les garçons, vous allez lui faire peur…”
Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il y avait de l’animation, dans cette chambre d’hôpital. En même temps, avec trois jeunes fils en parfaite santé, la famille Shelby avait de quoi réveiller les morts.
C'est dans cette ambiance mouvementée que Quara est née, par une belle journée de juin.
» First run
Elle riait à gorge déployée. Devant elle le monde s’ouvrait avec des possibilités infinies, à ses côtés il y avait d’autres gamins : Lizzy, Tom, Pete. Et un autre, une tête blonde - son meilleur ami.
Comme souvent, Percy et elle arrivèrent en même temps devant le marchand de glaces. Celui-ci les réprimanda pour leur imprudence, mais ils firent semblant d’écouter ; chacun avait encore en tête son moment favori de la course. Bien souvent il s’agissait d’un mauvais tour joué à un camarade pour le ralentir - comme par exemple jeter une araignée en plastique sur cette pauvre Lizzy, la touche féminine du groupe.
Rien ne les arrêtait, pas même l’air étouffant ou le soleil qui brûlait leur peau. A huit ans on se croit souvent invincible, pas vrai ?
Eux l’étaient, en tout cas. Quand s’asseyaient tous ensemble au bord de l’eau, glace à la main, rien ne pouvait les atteindre.
Ils avaient l’avenir devant eux.
» Second run
Elle était à bout de souffle. Jamais sa gorge n’avait été aussi sèche, ses jambes aussi ankylosées.
Dernier virage ; elle le prend maladroitement, butte contre le mur d’en face. Ne s’arrête pas pour autant. Quara grimpe les escaliers trois par trois sans s’économiser. Pas avant d’avoir atteint sa destination.
Quand elle arrive enfin, c’est un appartement vide qu’elle trouve.
Vide.
Il était parti. Sans un signe, un “au revoir” ; son meilleur ami, son autre frère, son coup de coeur.
Percy avait disparu. Comme si on avait subitement soufflé dessus, qu’il n’avait jamais fait partie de sa vie
Ou elle de la sienne.
Aussi subitement qu’un ouragan ; en ne laissant qu’un manque derrière lui.
Celui qu’une petite fille de onze ans éprouve lorsque, pour la première fois, elle perd un être cher.
» Third run
Elle avait la tête baissée. En face, de l’autre côté de la table, ses parents gardaient sur elle un oeil inquisiteur.
Mais Quara ne savait pas quoi leur dire de plus que ce qu’ils savaient déjà. Alors elle se répète, cachée derrière sa frange récemment devenue verte. “
J’y peux rien, moi, si j’aime pas étudier.” C’est vrai, elle n’avait pas de bonnes notes ; vrai aussi qu’elle passait plus de temps à jouer avec ses frères ou ses amis qu’à réviser.
Elle avait d’autres passions, Quara, des passions qui la motivaient bien plus - d’ailleurs elle avait récemment gagné un championnat d’athlétisme.
Ses parents soupirent, se concertent du regard.
Qu’allaient-ils bien pouvoir faire de leur dernière, qui avait toujours grandi sous l’aile protectrice de ses trois aînés ? Qui se laissait encore porter par ses émotions ? Qui, à quinze ans, leur jouait encore de mauvais tours ? Ils s’inquiétaient de l’envoyer loin d’eux, leur petite fille encore si pure.
Mais ils savaient aussi qu’elle ne pouvait pas rester. Pas quand son rêve était à portée de main - ils l’avaient reçu le matin même.
Ce jour-là, son rêve avait la forme d’une lettre estampillée à son nom.