• Comment es-tu arrivé-e à Fosterhampton : A dos de licorne.
• Tes proches, que pensent-ils de ta présence ici : Ils sont soulagés, j’pense. Sauf mon frère, à qui ma génialitude va probablement manquer.
• Où as-tu grandis et avec qui : Mes parents et mon frère, à la maison.
• Tes parents, tu peux nous dire quoi à leur sujet : Ils sont deux ? Maman était à la maison avec nous, papa travaillait pas mal. Ils ont divorcé récemment, en nous sortant ça du chapeau magique comme une truite. VOUS VOYEZ QUE VOUS VOUS ATTENDIEZ PAS A LA TRUITE ? Ben nous non plus, on s’attendait pas à ça.
• Tu as des frères/sœurs, tu peux nous en parler : Un frère, David, de deux ans de plus que moi. Ouais, il m’en a mis des baffes, et il s’en est pris des punitions grâce à moi.
• Tu as une passion : Emmerder le monde.
• Aimerais-tu quitter cette ville : Eh, doucement, je viens d’arriver ! Pour l’instant je découvre. On verra la suite plus tard.
• Comment vois-tu ta vie dans dix ans : Je la vois même pas dans dix minutes, alors dix ans, LA BONNE BLAGUE.

J’ai grandi en pleine campagne anglaise, avec les moutons et la pluie -super les clichés-. Papa bossait à Londres, parce qu’il travaillait à la bourse, et maman restait avec nous à la maison, c’était cool. Même qu’au lieu d’aller à la petite école, c’est maman qui nous faisait classe à la maison, parce que les écoles les plus proches étaient quand même trop loin du village. Et puis ça aurait pas été gentil pour maman de la laisser toute seule dans une aussi grande baraque.
Mais on n’a pas pu rester là indéfiniment. David, mon grand frère adoré avec qui je me pouillais en permanence, et bon citadin dans l’âme, a voulu aller dans une école en ville, et comme papa était à Londres et qu’il avait un appartement là-bas, mon frère l’y a rejoint, et les deux rentraient à la maison le week-end. Moi j’ai pas voulu partir trop loin de maman, du coup, j’allais dans la ville la plus proche, en bus, et je rentrais tous les soirs. ‘fin bref, rien de fou, en somme.

Y’a pas grand-chose à raconter sur notre histoire. On n’est pas très originaux, m’voyez.
Maman m’a dit que j’avais toujours été une grande bavarde, et ça a pas trop changé. Mais c’est pas parce qu’on est des bavardes qu’on parle des trucs importants. Genre, du fait qu’entre papa et maman ça allait pas super bien.
Ça, on s’en est rendu compte entre Noël et le Nouvel An, quand ils nous ont annoncé à David et moi qu’ils allaient se séparer parce qu’il n’y avait plus d’amour entre eux, et que papa en avait -de l’amour- pour une autre femme que maman. On est restés sur le cul, et si David l’a plutôt bien pris, moi beaucoup moins. J’ai tout de suite annoncé que je voulais partir en internat l’année qui suivait, parce qu’on n’aurait plus la maison, et puis que je voulais pas rester seule avec maman dans cet état là. C’est lâche, mais j’en n’avais pas envie. Papa voulait que je parte à l’étranger, mais je lui ai fait une misère incroyable. Maman ne me voulait pas dans ses pattes non plus, donc elle a aussi fait la misère à papa.
Sauf que, j’avais beau ne pas vouloir partir à l’étranger ni rester vivre avec maman, ben, j’avais quand même la trouille d’envoyer des dossiers. Non pas que j’suis une cancresse, mais chercher un établissement, le comparer à d’autres, attendre les réponses, me faire peut-être refouler… C’est quand même un peu anxiogène. Et j’dis pas que faire l’autruche c’est la meilleure technique, mais j’ai eu un bol monstre parce que j’ai été repérée pour intégrer un prestigieux établissement, Blenheim. Si c’est pas la classe ! Papa a gueulé parce que c’était trop cher, j’ai répondu qu’il y avait des bourses, et j’avais gagné. Et heureusement parce que, papa -encore lui-, pour aller toujours plus loin, nous a annoncé le jour de mon anniversaire qu’il attendait un bébé avec sa nouvelle compagne. Voilà voilà, paye ton cadeau d’anniversaire, et la bonne ambiance qui règne dans la famille.
J’étais donc prête à partir vers une nouvelle vie.