T’avais pas dormi et pour cause : ta frangine. Ça faisait tellement de temps que tu l’avais pas vu, à te demander si tu la reconnaîtrais. Tant de questions se bousculaient dans ta tête, tant de craintes et d’appréhensions, de hâte et d’envie. T’étais ce gars jamais à l’heure, toujours trop tard ou toujours trop tard sauf que cette fois, tu t’étais pointé une demi-heure à l’avance devant cette sublime devanture qu’avait le Lemon Curve. Des sous-vêtements, parce qu’après tout Pav était devenue femme et il lui fallait le top du top pour pouvoir séduire la gente masculine -même avec un bonnet A-. Les gens devaient te prendre pour un mec un peu barge à admirer les coutures et les modèles atypiques proposés, ton reflet restait stable dans la vitrine mais tu pouvais percevoir les yeux remplis de méfiance de la vendeuse à laquelle tu adressais quelques esquisses labiales. Et dans cette même vitre tu la reconnus.
Pavla. Ton visage s’était illuminée d’une lumière presque aveuglante, un sourire colgate dépassant les limites du tolérables et mécaniquement tes bras vinrent se serrer autour de son petit corps. T’étais toujours plus grand qu’elle et ça te rassurait. Elle était exactement comme dans tes souvenirs, parce qu’après tout tu ne pouvais pas lui dire que tu la haïssais, qu’elle était devenue laide pour la simple et bonne raison que t’étais pas mieux. Tu ne t’en rendais pas compte, que tous tes gestes si naturels pouvaient la blesser, après tout tu l’avais clairement abandonnée et tu n’avais fait mine de t’être excusé pour ceci : comme si c’était normal.
Tu t’offusquais presque de sa remarque.
_ Je pensais qu’une jeune femme voudrait de la lingerie. C’est ce que j’ai lu dans le magazine -avec des deux mains tu fis comme un rectangle que t’étalas dans l’espace- comment séduire votre partenaire avec ces ensembles.
T’omettis de dire que ce magazine appartenait à Tim, ça aurait été un peu gênant, toi qui était clairement un choqué de la vie quand ça concernait le cul. Et encore plus le cul avec un autre homme. C’était stupide de ta part, tu connaissais ta soeur et ce n’était pas ce genre de femme-là. Elle n’avait nul besoin de dessous, de s’exhiber pour ramener des proies dans son lit. Pas comme toi.
_ Oh -tu la repris légèrement dans tes bras par peur de te faire repousser un peu trop violemment-. Mais si tu ne veux pas, on peut aller prendre un coup. Je vais pas te forcer à porter de la dentelle.
Tu te décollas et souris en montrant d’un mouvement de tête l’intérieur de la boutique.
_ Même si je crois que la vendeuse m’aime bien.
Tu t’avanças vers le trottoir, prêt à traverser comme un casse-cou pour te la péter. Tu gigotais, bouillonnais intérieurement. T’aurais voulu lui parler de tout, de ta vie à Blenheim et de ton idylle fictive avec Aiden pourtant tu t’en empêchais puisqu’avant tout il fallait que tu t’occupes d’elle. De ta soeur protégée.
C'est comme un rencard sans l'être quoi. x Branko & PavlaA la vue de son frère illuminé d'une joie toute enfantine -limite il brille le mec-, elle aurait presque pu faire demi-tour en courant, ou lui mettre un coup de sonic hericsson sur la tronche pour le calmer avec une belle bosse. Mais c'était son frère, et elle avait plus l'habitude de le protéger qu'autre chose. Mais actuellement, elle avait un peu zappé ça, alors qu'elle ruminait le fait qu'il matait les soutifs juste avant son arrivée. Elle avait vraiment vécu avec ce genre de gars ? Son éducation était à refaire ! M'enfin, que pouvait-elle faire alors qu'il la serrait avec tant de joie contre lui ? « Je pensais qu’une jeune femme voudrait de la lingerie. C’est ce que j’ai lu dans le magazine, comment séduire votre partenaire avec ces ensembles. » Pardon ? Elle l'observa dessiner un rectangle dans l'air. Quel genre de magasine lisait-il, en plus ? Fin, ça ne devrait pas l'étonner, mais elle eut clairement l'air étonné. Avant d'y repenser à deux fois. Séduire son partenaire, hein ? Bien sûr que Branko pensait à des garçons, mais dans sa tête, la vision d'Orube, puis de Cait s'imposèrent. Cait habillée en lingerie. Elle eut un rougissement qu'elle pouvait très bien faire passer comme... Comme rien du tout, pourquoi elle rougissait ?! Mais au moins, le gars aux cheveux verts n'y fit pas attention, et la reprit contre lui. Elle était un peu trop à côté de ses pompes pour réagir. « Mais si tu ne veux pas, on peut aller prendre un coup. Je vais pas te forcer à porter de la dentelle. » Encore heureux, elle préférait ça. Déjà qu'elle se trouvait pas bien belle, avec une poitrine d'ado pré-pubère, alors mettre de la lingerie ! Ca ne lui irait pas du tout ! Alors en mettre pour que son frère la mate ! Bon, elle est pas des masses pudiques mais y'a une limite ! « Même si je crois que la vendeuse m’aime bien. » Elle jeta un oeil à la vendeuse qui n'avait pas l'air de l'apprécier. Elle crut même voir qu'elle avait un regard compatissant pour la pauvre nana qui se tapait ce déluré. « Tu voulais y aller juste pour les vendeuses, hein… » marmonna-t-elle, mais Branko ne l'écoutait plus et l'avait déjà lâché. Hé, où était-il, encore ?! Le voilà qui lui fait signe de se bouger, et elle aurait pu gentiment se vexer si elle n'avait pas du tirer sur le t-shirt de son frère pour l'empêcher de se faire faucher par une voiture. « Fais attention putain ! J’ai pas envie de passer l’aprem avec un Branko aplati ! » Et le voilà qui rigole bêtement. Elle lève les yeux au ciel, avant de prudemment traverser et de le suivre. Y'avait de quoi faire en vrai, dans ces rues marchandes, mais elle elle avait aucune idée de ce qu'elle voulait. A part un café. Du coup elle leva la tête vers lui, mains dans ses poches, à suivre ses grandes enjambées. « Tu veux faire quoi avant d’aller boire un café ? » Juré, elle n'était pas venue qu'avec cette idée en tête. YOU_COMPLETE_MESS