Dès les premières minutes, il avait été simplement mû par l’envie d’aller protéger ses oiseaux. La porte de la volière ne lui résista pas très longtemps et il appela ses trois rapaces pour les emmener le plus loin possible de l’incendie – la fumée se propageait jusqu’ici avec son odeur terrible. Il laissa aussi la porte ouverte en totalement, pour que les autres oiseaux se sauvent, si jamais. C’aurait été inutile de rester là plus longtemps de toute manière.

Ensuite, Chester rejoint un petit groupe, devant le palais. Il n’a pas l’impression d’avoir spécialement besoin d’être évacué en priorité et laisse les élèves partir avant dans les voitures que les gens ramènent. Le dirlo est là, pas loin. C’est impressionnant comme spectacle, même s’il s’en serait bien passé.

Après, honnêtement, il n’a pas une énorme attache à ce bâtiment ; ce n’est en rien sa vie ou quoi. Tant pis un peu. Il va juste attendre là, sagement. Tant qu’il a ses oiseaux, le reste ne compte pas vraiment. Il se demande juste si la demoiselle aux cheveux verts est là en ce moment. Et si la vandale de ses buissons a pu se mettre à l’abri aussi.

AH OUAI NON MAIS JE SUIS PAS D’ACCORD EN FAIT. Putain de feu là, d’où tu viens cramer ma maison ?! J’ai pu aller chercher Rambo in extremis et j’ai de la suie partout sur moi. Déjà c’est pas glamour et en plus c’est relou, je me suis fait sortir comme un déchet, eh ! Faut se calmer les gens, paniquer ça vous aidera pas !
Bon, ok, je dis peut-être ça juste parce que je suis plus à l’intérieur. Possible.
Sauf que.
« MERDE NON, MES TOILES ! »
Elles sont restées à l’intérieur. Hors de question que je laisse là, c’est trop d’heures de travail pour que je permette ça ! Je pose Rambo par terre « Tu restes là sac à puces, moi je vais chercher mes toiles ! »
Hop hop hop !

Là, devant ce spectacle de désolation, Chester est un peu hors contexte. Il le voit bien avec ses habits blancs mais tâchés et ses trois oiseaux sur lui – un sur chaque épaule et le dernier sur son poignet. Il détonne dans cet univers de hurlements et de panique. Bon, puisqu’il est là, autant agir, non ?

Alors, avec sa démarche qui donne l’impression qu’il flotte, Chester se rapproche du directeur. « Monsieur, à part aider à l’évacuation des élèves vers Fosterhampton, souhaitez-vous que je fasse quelque chose pour vous aider ? »

Putain. Putain. Putain. PUTAIN. Mais y’a RIEN qui se passe correctement bon sang ! Peu importe les allers-retours que je fais du Frozen au Palais j’ai l’impression qu’il y a toujours autant de monde à secourir. Il faut en prendre un maximum pour rester efficace.

J’arrive de nouveau face au bâtiment en proie aux flammes et embarque des gens de tous les côtés. Bon, c’est un neuf places mais j’ai testé précédemment, en se mettant chacun sur les genoux de tout le monde, on rentre à plus de douze. Faut que chacun y mette du sien.

J’allais repartir lorsque je vois quelqu’un porter une silhouette évanouie. Et je la reconnais. Merde, mais c’est la petite Lilas ! Pas une minute à perdre, elle a besoin d’air frais, je vais la ramener au Frozen aussi. Y’a plus de place sur les genoux d’autrui du coup je l’installe en travers de moi. Super pratique pour conduire avec quelqu’un comme ça sur soi mais on va dire que j’ai pas le temps de me plaindre ou de faire le difficile.
On repart fissa vers le bar.

Je suis dépité. Bro’ a failli pouvoir m’aider pour aller récupérer mes toiles – parce que je lui aurai collé au train quoi qu’il arrive – mais apparemment c’est pas du goût de tout le monde. Et puis merde comment ils lui parlent les deux là ? Encore mister bloc de glace je connais, c’est pas nouveau pour moi de la côtoyer… Mais l’autre là, princesseperdue.com. Elle va se calmer deux minutes parce que j’aime pas trop ce genre de gonzesses. « Et toi alors ? Tu branles quoi pendant que d’autres essaie d’se bouger hein ?! »

Maintenant que j’y pense, je me demande où est ma partenaire de questionnaire de tout à l’heure. « Cassie… » j’espère qu’elle va bien. Je voudrais vraiment mes toiles mais bon si on m’en empêche…. J’m’en fou j’irais me plaindre si j’me chope un zéro.

«run for your life» + thistle

lilas n'est plus qu'une boîte d'échos ;
tout est flou autour de lilas
perdu
vague
tout s'étire à l'infini, s'étiole ;
lilas s'est sentie chutée, lilas ne se souvient plus ; tout est sombre ; tout est vague.
lilas n'a plus mal -
lilas s'éloigne.
lilas sent quelque chose - ou lilas imagine - lilas n'a plus conscience de la réalité -
lilas sombre.
combien de temps c'est passé ? lilas sent quelque chose, de nouveau -
régulier, puissant ;
un pouls.
lilas n'arrive pas à ouvrir les yeux -
lilas essaye mais lilas oublie -
la chaleur, la fumée, les cris...
l'incendie.
lilas remue ; la surface sur laquelle elle se trouve est instable, mouvante. lilas tente de relever la tête, discerne un visage.
lilas marmonne un truc ; lilas ne sait pas quoi.
lilas ne sait plus rien.
lilas tremble, lilas veut pleurer, lilas se retient.
lilas ne veut pas mourir.
lilas l'articule maladroitement ; lilas avoue, avoue qu'elle veut vivre ; ça lui brûle la gorge.
et tous ces gens prisonniers des flammes ?
mais lilas n'est plus capable de penser. lilas a mal partout. lilas peine à respirer. à reconnaître ce visage familier.

Elle m’énerve cette espèce de mannequin trop grand de nature. Non mais ! M’enfin, au moins, elle a la décence de ne rien dire de plus et de bouger son royal séant. Pour le plaisir de le faire je lui tire la langue pendant qu’elle a le dos tourné. Non mais.

Et puis bon moi aussi j’aimerai bien pouvoir aider. Quitte à avoir perdu tout mon travail, HEIN. Je rage de ouf, j’en ai marre. Un regard noir envers le dirlo et j’essaie de passer à autre chose, c’est pas facile.

Bon allons voir ce que fait Bro’ dans tout ça. Apparemment, il tente d’aider les autres. Je devrais peut-être faire ça aussi. Du coup je m’approche pour essayer de filer un coup de main – je sens Roméo dans mes pattes, il ne veut plus me lâcher je pense… Mais je me fais tout à coup empoigner par un genre de corsaire type Albator mais en blond et jeté à l’arrière d’un van.

« EH BRO ! EEEEEH ! »

Non mais ! On fait attention aux gens, eh ! Je me suis fait mal à la tête en plus en m’écrasant contre la vitre. Fuck it0