• Taille : 1m64 sans fauteuil. avec, elle n'atteint pas le mètre quarante
• Poids : 38kg
• Peau : chocolat au lait
• Yeux : marron clair, tirant sur le jaune
• Cheveux : noir
• Maladie (mais pas vraiment) : paralysie des jambes suite à un accident.
• Particularités physiques : Lily-Rose se déplace en fauteuil roulant, elle ne possède presque plus aucune sensation dans ses jambes. Depuis son accident, elle a aussi des cicatrices sur son visage, principalement sur son front.
Caractère :
Elle sourit Lily-Rose. Oh, peut-être pas tout le temps il est vrai, à la longue c’en est
douloureux après tout, mais suffisamment de fois et suffisamment longtemps pour que l’adjectif
souriante s’accroche à son dos comme l’étiquette prix sur un t-shirt neuf. Alors bien sûr elle sourit. Son sourire,
c’est une arme, un bouclier, parce que la vie de Lily-Rose est une
guerre.
Elle a le sourire poli de toutes les circonstances, pour dire bonjour et au revoir, pour ne pas inquiéter, pour cacher sa frustration.
Elle a le sourire large, large à en faire mal, pour s’empêcher de crier, de hurler, pour contenir à l’intérieur d’elle-même le flot de colère qui s’agite en elle.
Elle a le sourire vrai dés l’instant où l’on lui parle du ciel. Son sourire est un bunker dans lequel elle se cache lorsque parfois tout ce qu’elle a envie de faire est de s’isoler et
pleurer jusqu’à l’épuisement.Elle est féminine Lily-Rose. Oh, elle fait attention à elle, elle déteste bien assez sa situation pour lui laisser une chance supplémentaire de
pourrir sa vie. Elle se trouvait laide parfois dans son fauteuil sur roue. Pas tant son visage, elle s’était habitué aux
cicatrices, elle pouvait les cacher les jours où elle n’avait pas envie de les voir.
Mais elle ne pouvait pas cacher ses jambes. Ses jambes immobiles, ses jambes flasques, inertes, presque mortes si elle n’avait pas quelques sensations.
Deux poids lourds au bout de son corps dont elle ne sait quoi faire si ce n’est les habiller joliment. Des bottes à motifs, des collants à dentelles, des lacets à rubans, de toutes les couleurs, n’importe quoi pour leur rendre un semblant de vivacité, et le mot
coquette qui la poursuit parfois avec le poids de la nécessité là où ne réside habituellement que le plaisir.
Elle n’a que 16 ans Lily-Rose. Et cela veut dire beaucoup.
Elle est à cet âge de transition
entre enfant et adulte, à cheval entre le comportement d’une petite fille malicieuse et celui d’une adulte presque responsable.
Bien qu’elle ait tendance à répondre à l’expression
sage comme une image, elle n’en demeure pas moins une adolescente énergique au comportement facilement qualifiable de
puéril. Ca la démange, de tirer la langue ou de partir bouder lorsqu’elle est mécontente, se foutre en état larvaire dans son lit et visionner toute sa collection de film d’animation, ou encore faire la course dans son fauteuil.
Ca la démange
de foutre en l’air tous les beaux principes de maturités que lui préconisent ses parents.
Elle en a apprit beaucoup de ces principes Lily-Rose. Elle a eut une éducation stricte,
sans écarts. Alors bien sûr elle est cette gentille petite fille polie et respectueuse, bien élevée et courtoise.
Sans écarts.Elle se tient droite sur sa chaise, elle ne dit pas un mot plus haut que l’autre, pas un mot de travers, irréprochable. Tant et si bien qu’elle en est devenue plate,
une poupée sans reliefs, sans aspérités ni courbes. Alors qu’elle est plus que ça, elle le sait. Elle est une image brillante en papier glacé, une image
hypocrite.
Elle s’est enfermée dans le silence Lily-Rose. Oh, pas qu’elle se taise, non non. Elle peut être
bavarde pour qu’elle soit lancée sur un sujet qui lui plait un minimum. Elle a enfermée sa vérité dans le silence.
Elle tait ce qu’elle pense, elle ne l’exprime pas.
Sa bouche débite de jolis mots enrobés de sucre rose qu’elle ne pense pas. Ses pensées cognent contre la paroi de sa cavité crânienne.
Ils tapent, tapent, tapent
au rythme de la mitraillette. Des mots emplis de violence car c’est ce qu’elle.
Violence et vulgarité.
Mais sa bouche débite les jolis mots aux courbes délicates, car elle n’ose pas, car elle a prit l’habitude de ne pas être
franche.
Elle est
colère Lily-Rose.
Tout le temps, contre tout le monde.
Elle se plait à penser qu’elle n’aime personne, qu’elle déteste
tout le monde.
C’est faux, elle est seulement en colère. Une colère sourde et silencieuse, une colère violente née d’une frustration intense. Elle se retient, on ne voit pas qu’elle est en colère.
Que son unique envie est de hurler de toute la force de ses poumons sur toutes les personnes qui l’entourent. Que son unique envie est de leur faire comprendre que
non, elle ne va pas bien bordel de merde. Mais elle ne le fait pas.
Et un jour, elle va craquer.La vie n’est pas juste. C’est ainsi. Un fait, une constatation. Il n’y a pas vraiment à tergiverser. Un beau matin, tu peux te lever comme n’importe quel autre jour, mettre ton uniforme et prendre ton petit dej’ comme n’importe quel autre jour, dire au revoir à tes parents et quitter ta maison comme n’importe quel jour, et puis, de façon tout à fait exceptionnelle et imprévue, voir le véhicule dans lequel tu te trouves se faire percuter violemment.
C’est ce qui m’est arrivé en tout cas.
Bien sûr, ce n’est pas juste. Mais c’est arrivé. La vie n’est pas juste, elle passe simplement.
Lily-Rose avait treize ans.
Sa vie a changé à ce moment-là, on peut le dire. Il y a toujours un avant et un après d’un certain point. Son point n’est pas cet accident. Elle aurait après tout put s’en sortir sans la moindre séquelle, comme sa voisine par exemple. Son point se situe au moment exact où elle a été installé dans un fauteuil roulant pour la première fois.
Le point, c’est ce moment précis où tu constates, avec la force d’un tsunami s'abattant sur la terre ferme, que ta vie ne peut plus être la même.
L’avant de Lily-Rise était simple. Il s’étire de sa naissance jusqu’au point.
Elle a eut la vie banale d’une petite fille américaine. Elle a vécu avec ses deux parents ; un père bureaucrate fasciné par les étoiles et une mère juriste avec une tendance au commérage. Elle n’a jamais eut de frère ou de sœur, elle semblait leur suffire amplement.
Il y avait aussi un chien, mais il est mort lorsque j’étais toute petite.
Elle a reçue une éducation stricte et s’y est conformé sans cris ni heurts. Sa passion pour l’astronomie est née lorsque son père l’a emmené avec lui observer une éclipse, et elle n’a jamais cessé de grandir depuis. Elle était une jeune fille épanouie, intégrée dans une bande d’amie, scolarisée dans une école privée à la bonne réputation dans laquelle elle s’en sortait plus qu’honorablement.
Puis un jour le bus scolaire dans lequel elle se trouvait fut percuté par un poids lourd. L’hôpital recensa deux morts, onze blessés dont quatre graves, et neuf « miraculés ». Lily-Rose faisait partit des blessés graves.
Je ne crois pas au hasard. Pas plus qu’au destin. Je possède un esprit scientifique qui me pousse à croire que si quelque chose arrive, ce n’est pas parce qu’une entité supérieure quelconque l’a décidé, ni parce que le hasard est intervenu, mais par l’intervention d’une multitude de facteurs parfaitement tangibles. Mon bus passait tous les jours par ce carrefour à 7h32. Le propriétaire de l’entreprise de poids-lourd était un radin qui estimait que l’entretien rigoureux de son matériel était une perte d’argent inutile. Les freins ont lâchés au feu précédent d’avoir été trop utilisé.
Tout simplement.
L’après aurait put commencer lorsque Lily-Rose se réveilla à l’hôpital, après plusieurs jours passé sans reprendre connaissance. Ce ne fut pas le cas. Probablement parce qu’à ce moment-là, elle était trop dans les vapes pour comprendre. Et les mots que lui dit par la suite le médecin n’étaient que cela. Des mots.
Le fauteuil fut une réalité. A partir de cet instant, les choses ne pouvaient être identique à l’avant. L’après était difficile.
On déclara à Lily-Rose qu’elle ne pourrait très probablement plus jamais marcher. Qu’elle passerait le restant de sa vie dans ce fauteuil. Il fallut adapter la maison. S’habiller ou aller aux toilettes devint un combat de tous les instants. Il y avait les regards de pitié que l’on posait sur ses jambes, ou ces moments de malaise parce que l’étiquette handicapée lui collait à la peau et que cela sous-entendait adopter un autre comportement. Il y avait le traumatisme qui l’empêchait de monter dans le moindre véhicule sans risque une crise de panique.
J’ai souvent pleuré à cette époque. Mais je ne sais plus exactement pour quelles raisons.
Il y avait aussi la colère. Une colère née de la frustration et de l’impuissance. Peut-être aussi de la venue de l’adolescence. De plus en plus souvent, Lily-Rose avait ressentit l’envie de se rebeller ou de crier.
De crier sur ses amies que ce n’était pas parce qu’elle était maintenant en fauteuil roulant qu’elle était devenue totalement limitée en tout.
De crier sur le médecin qu’elle ne le croyait pas, lui et son optimisme débordant, que quoi qu’il en dise, elle remarcherait un jour.
De crier sur ses parents qu’elle pouvait se débrouiller seule, que, si, elle désirait cette rééducation. Que je pouvais monter sur la colline pour aller observer le ciel, je n’attraperais pas plus de rhume qu’avant.
La rééducation fut difficile. Elle l’est toujours. En trois ans, elle pouvait à peine les bouger toute seule. Elle avait de nouveau des sensations, mais terriblement amoindrit. Le médecin le plus encourageant qu’elle avait rencontré lui avait dit que ça viendrait. Oui. Mais quand ?
Elle étouffait chez elle. Elle avait cette impression. La proposition de se rendre à Blenheim sonna comme une bénédiction. Une opportunité double ; s’éloigner de ses parents - qui râlèrent de ne plus pouvoir la voir aussi souvent mais qui signèrent quand même le chèque quand vint la question des frais- et avoir la possibilité de réaliser son rêve.
Devenir indépendante, montrer qu’elle pouvait vivre malgré les deux roues qui lui collaient au cul. Elle n'avait jamais pensé que sa passion pour l'espace, et la volonté et la détermination qu'elle mettait à se frayer un chemin vers les métiers de l'astronomie puisse payer ainsi. Pas que cela la dérange, bien au contraire.
Elle était devenue intenable à l'idée de pouvoir s'y rendre.
Encore faut-il que je survive au voyage en avion.
Non vraiment. La vie n’est pas juste. Et Lily-Rose lui en voulait terriblement pour ça.