Rosie, elle était curieuse. C'était un fait indéniable que personne ne pouvait nier, et si on la trouvait à fouiner dans la salle de chimie, elle n'avait d'autre excuse que son mignon minois et ses yeux de chat potté pour pas se faire punir. Ca marchait -presque- à tous les coups, alors elle risquait, rien hein ? Puis elle avait l'oreille fine. Si quelqu'un se pointait alors qu'elle tripotait un tube rempli d'une substance jaune bien fluo, elle le saurait. D'ailleurs-- Elle se figea, tendit l'oreille. Non, juste des pas qui s'éloignaient au lointain. Impeccable. Rosie jubilait. La salle de chimie la fascinait pour une raison qui lui échappait peut-être. Parce que Rosie, à part le sport, elle n'excelle pas dans grand-chose. Mais on va dire que la chimie c'est aussi de la bio, et la bio ça veut dire, les  i n s e c t e s. Et Rosie adore les insectes. (En même temps, il n'y a pas grand chose qu'elle n'adore pas en ce monde.) Du coup, disons qu'elle farfouillait pour avoir des infos pour ses cafards qui avaient enfin pondus et remplis leur boite d'oeufs. Peut-être qu'il y avait des vers de terre ?? Ca rentre dans la catégorie insectes, les vers de terre ? Elle en savait rien, et finit par hausser toute seule les épaules devant un énième placard en vrac -à cause de qui, on se le demande. Et se pétrifia en voyant la poignée s'abaisser lentement. Oh flûte. Paniquant de tout son être, Rosie décida que le plus simple était de se cacher dans ce même placard qu'elle fouillait. Elle était bien assez petite pour se glisser là, en bas. Elle renversa quelques fioles de trucs, et un balai, le tout dans le plus grand des fracas avant de réussir à fermer les portes du placard alors que la personne entrait dans la pièce. Rosie était cuite. A point. Mais pour rien au monde elle ne sortirait de ce placard. Sauf si on lui donne des bonbons. Ou un câlin de Rhys. Même si pour peu, elle aurait pu lancer un "Chuis cachéééée." histoire de pas avoir trop l'air coupable.

C'était sûrement un prof. Quel autre élève qu'elle pouvait venir fouiner dans les salles de classes en dehors des heures de cours ? Elle ne voyait pas. Du coup, elle savait qu'elle allait se faire prendre, secouer par le col comme un prunier. Peut-être que ledit prof allait prévenir Sony, qui allait en parler à Rhys... Mais elle avait rien fait de mal ! Elle avait juste voulu trouver de la nourriture pour ses cafards. Elle entendit bien une voix étonnée, ne sachant pas comment réagir devant le bazar. Des pas, qui se stoppent devant sa cachette. « ALOHA SERVITEUR DES TENEBRES ! Je viens en paix ! » Un silence. Rosie tenta un coup d'oeil hors du placard. Ce n'était pas un prof. Ce n'était même pas un adulte, mais un jeune garçon aux cheveux gris, habillé bizarrement. Et qui la traitait de serviteur des ténèbres. Alors la porte du placard s'ouvrit, sur la demoiselle un peu décoiffée, un balai en travers du passage, en une moue boudeuse. « Je ne suis pas un serviteur des ténèbres ! Je préfèrerais être un alien. » Après quelques difficultés, elle parvint à s'extraire de l'armoire, et pointa le garçon du doigt. Peut-être qu'elle pourrait l'embobiner. « Et d’ailleurs, je suis ici pour coloniser ta planète ! Et si tu ne veux pas que je le fasse, tu vas devoir me payer en bonbons ! » Bon, elle cessa rapidement sa comédie parce qu'elle était curieuse, et qu'elle connaissait pas ce garçon. « Mais t’es qui ? Tu fais quoi là ? »

L'Alien du nom de Rosie avait manqué se prendre le balai en pleine poire. Ca aurait jeté un coup sur sa crédibilité, déjà qu'en tant que fière représentante des Petites Tailles l'autorité n'était pas vraiment là, ça aurait fait mal. En plus, en face, voilà que le gars prend une pose ridicule, et voilà que la gamine pouffe. Il avait l'air drôle, ce garçon ! Même que ses cheveux et sa tenue étaient intrigantes. Ok, sa mission du jour de l'investa-- intasvi... Bref, une enquête, sur ce garçon là, qu'elle pointait du doigt. Ca commençait par, qui il était, et ce qu'il faisait là. peut-être était-il venu la capturer ! Le flash du téléphone la surprit, alors qu'elle protégeait et frottait ses yeux avec un temps de retard. « Ahah ! J'ai un alien en photo ! »  Elle le savait !! Il en avait après elle !! Elle était en danger ! « Hé ! » protesta-t-elle avec toute l'autorité dont elle faisait preuve. Ca eut pas grand effet, vu que le Gars Bizarre monta sur une table de chimie. Ok, maintenant il avait l'air super grand, et ça faisait un peu peur. Elle voulait monter, elle aussi ! « Je suis, Elendil ! Je n'ai pas de bonbon, mais j'ai des biscuits au chocolat ! » Wah, ça claque comme prénom. A présent satisfaite, et à la promesse des chocolats, elle abandonna son invensta-- son enquête. Affaire classée, encore une mission remplie avec brio par l'Alien Rosie ! « Je viens faire des trucs top secret. Je peux pas te dire, j'sais pas si t'es quelqu'un de confiance. » Elle voulait savoir !! Une moue déçue tordit le visage de la brune, alors que son interlocuteur se perchait au bord de la table. Elle était toujours plus petite que lui. Alors elle s'acharna à grimper elle aussi, en escaladant d'abord un des tabourets, et hop, la voilà assise près d'Elendil. « Alors, mademoiselle extra-terrestre, toi, t'es qui ? Et pourquoi, c'est dans cet état ici ? Mens pas, j'ai des photos, mais je compte pas te balancer, ça à l'air drôle ce que tu faisais ! » Est-ce qu’elle pouvait vraiment lui dire qu’elle cherchait de la nourriture pour ses cafards ? Que ferait une Alien en pleine visite officielle sur Terre ? Oh ! « Je veux mes chocolats d’abord ! Après je te dirais tout ! » Le tribut remis, et la bouche pleine, elle entreprit son bobard. « Alors en fait sur la planète Mars, je viens de là-bas, on a pu de bonbons, du coup notre nouveau roi il adooooore les bonbons et il a voulu qu’on vienne ici vous coloniser et vous esclavager pour que vous nous fabriquez des bonbons toute votre vie ! Du coup on lui a dit non, Majesté, on peut pas faire ça !! Et il s’est fâché et il nous a tous exilés ici et il a dit qu’on pourra retourner sur Mars que si on a dix mille bonbons, mais de toute manière j’ai pas de soucoupe pour rentrer, tu sais, faudrait que je m’en fabrique une, mais c’est compliqué. » Elle avala le dernier biscuit. Elle voulait aller où comme ça, déjà ? Elle sait pu. « Enfin voilà quoi, je te réquiss—réssiqu—je t’ordonne de me fabriquer une soucoupe volante avec moi ! »