Tout s’était passé super vite depuis l’incendie. On t’avait gardé en observation puisque tu avais fait partie des plus proches de l’épicentre, dans la cuisine. Et tu avais eu une chance monstre, que tu aurais bien passée à quelqu’un d’autre, comme Cait, ou Etoile, ou le professeur Levinsky. Ils avaient été salement amoché.e.s, et toi, tu étais quasi indemne. Seules subsistaient comme traces sur ta peau quelques brulures superficielles, et dans ton esprit, les craquements effroyables du feu, et les hurlements des étudiants. Tu ne te faisais pas à ces nouvelles colocations, dans les sous-sols épargnés du Palais, qui devait se reconstruire doucement. Des années d’histoire parties en fumée, c’en était déprimant. Mais tu n’imaginais sans doute pas assez dans quel état devaient être Sir Foster, ou encore M. Houless. Habituellement, tu te fichais bien d’eux, mais tu ne pouvais empêcher une certaine empathie de t’envahir à la vue de tout ce merdier. Tu avais bien suffisamment révisé pour aujourd’hui, et votre chambre commune était quasi vide. Il y avait bien Quara, une jeune Olympics aux cheveux verts, que tu n’avais encore trop… Remarqué ? Oui, disons-le, tu avais du mal à t’approcher des gens, et Quara avait beau avoir l’air adorable, tu n’en savais pas plus sur elle. Quant à Cait et Etoile, c’était ce qui correspondait le plus pour toi à des amies. Mais elles n’étaient pas là, et tu n’arrivais plus à te pencher sur tes leçons, alors tu étais sortie dans la cour extérieure du palais, et tu t’étais approchée du complexe sportif. Rien de mieux que le sport pour évacuer les mauvaises pensées. Tu avais songé à te rendre dans la salle de muscu ou le gymnase, mais le risque d’y croiser ton frère ou quelqu’un était trop grand, et tu voulais être tranquille, alors tu t’étais décidé à courir. Courir, courir à s’en faire brûler les poumons, sans s’arrêter, courir pour avoir enfin l’impression d’être vivante et que plus rien n’importe que de courir encore. Jusqu’à t’écrouler sur un banc, le souffle court. Et au loin tu vois arriver quelqu’un. Ah non. On n’allait pas te retirer ton havre de paix.
niquez les tous;garçon terrible qui court jusqu'à en perdre haleine, haletant face à l'effort, dépassé par la fatigue à tord c'était à se demander pourquoi cette peine.
et te voilà continuer de t'infliger ce supplice, à courir bêtement jusqu'à une ligne d'arrivée, te faire un mal fou pour montrer que toi, et toi seul, est le meilleur. âme solitaire criarde qui cherche désespérément la solution à sa frustration,
et tu as constamment cette chose, coincée dans ta gorge.
des larmes, certainement, que tu dissimules avec tant de mal masquées par la colère, l'angoisse et le stress.
ô mon garçon qui hurle, écouteur vissé aux oreilles. tes pas cessent de piétiner le sol inlassablement et tes yeux visent le soleil comme si ils allait le faire s'effondrer.
ô astre de lumière enflamme les tous pour laisser ce cancer périr et laisser le monde se reconstruire.
tu regarda autour de toi, tout les sportifs du palais s’entraînaient avec la même ferveur que toi, cherchant eux aussi à mériter la confiance des autres. mais tous avaient cet amour du sport que tu ne possédait pas. cette fois à se dépenser dont tu étais usé. tu en avais marre de te défouler, ô misérable garnement qui jouit d'une facilité lâche. sois heureux de ce que tu as.
mais au lieu de ça, tu souhaitais simplement qu'il périssent tous autant qu'ils sont.
l'heure de la douche avait sonnée et tu t'étais laisser bercer par l'impact de l'eau sur le sol carreler des vestiaires. après ça, tu comptais te mettre dehors en espérant peut-être tomber malade et qui sait, pourras-tu avec un peu de chance profiter d'un ciel étoilé d'automne.
tu pu te laisser aller à la rêverie durant une heure toute au plus sous la musique hésitante d'une guitare acoustique dans tes oreilles jusqu'à que la playlist s'arrête et te laisse entendre les piétinements brutaux d'une personne qui court. tu te releva alors, observant le spectacle. lorsqu'elle termina son sport occasionnel, essoufflée jusqu'à la mort, tu entrepris, te surprenant toi-même, la conversation.
- tu pourrais choisir ton allure quand tu cours et que t'y restes, ou alors ça te plait d'être vite essoufflée ?
cette fois-là, tu voulais te la jouer cassant. du moins, jusqu'à que tu remarques que c'était une fille. et alors ta timidité, jeune garçon que tu étais, te pris soudainement, te faisant reculer soudainement tout en prenant un air énervé.
- e-enfin c'était mauvais quoi. disais-tu, plus pour instaurer une distance entre vous que pour être méchant. pourquoi tu cours ?
Tes poumons et ta gorges te brûlaient. Mais ce n'était tellement rien comparé à cette soirée dans la cuisine. Ils te semblaient juste là, vivants, pulsant machinalement sans aucune raison. Ça faisait longtemps que tu n'étais pas sentie comme ça. Tu avais juste envie de te noyer là dedans, jusqu'à... Tu ne savais pas. Mais tu n'étais pas comme d'habitude. Alors tu avais couru, couru, jusqu'à presque en tomber par terre d'épuisement. Sauf que tu avais un spectateur, donc non, tu n'allais pas faire ça, il fallait que tu sois forte. Tu tremblais un peu, la chaleur de ton corps contrastant celle de l'air frais de fin d'automne. Tu comptais juste reprendre ton souffle, un peu de force et de vie et de repartir, si seulement tu n'avais pas eu ce visiteur impromptu. Il s'approche, il est blond, il a l'air un peu boudeur, sportif. Tu ne le connais pas, et encore plus aujourd'hui que d'autres jours, tu n'as pas envie de faire connaissance. « tu pourrais choisir ton allure quand tu cours et que t'y restes, ou alors ça te plait d'être vite essoufflée ? » Ah, il ne l'entendait pas de cette oreille. En plus il se foutait d'elle. Tout ce que tu trouvas à répondre, ce fut un regard meurtrier, avant de te redresser un peu. T'étais un partagée entre l'envie de te battre et te dire que non, t'avais la flemme. « e-enfin c'était mauvais quoi. pourquoi tu cours ? » Ah, le regard semblait avoir son effet. Tu n'avais pas envie de parler. Mais aujourd'hui plus que jamais, tu devais être forte et faire des efforts. Tu observas le paysage un instant. Gris, vide et calme. Tu haussais les épaules. « J’avais envie. Mais je suis pas une as de la course. » Barre-toi. Barre-toi, barre-toi, barre-toi. T'étais toute crispée, t'avais envie de le frapper, ton ton et ton attitude envers ce pauvre garçon était glaciale. « Je voulais être tranquille. » Tu rajoutas même, espérant le voir fuir sans demander son reste. Tu n'allais pas lui demander ce qu'il faisait là, non non.
tu détestais son air, tu détestais sa distance, tu détestais sa colère et tu détestais surtout ses paroles vide de sens comme si courir était un défouloir plus qu'une corvée comme si il était nécessaire de courir pour se sentir vivre, tu ne t'es jamais senti plus mort que sur le terrain de course. tu ne t'ai en réalité jamais senti aussi mort que dans cet horrible endroit, complexe sportif, rempli d'hypocrite qui croit qu'il suffit d'être dégoulinant de sueur, de peur, essoufler à s'en faire sortir les tripes. tu n'as jamais voulu, ô grand jamais, être répertorier dans ce type de personne, cancer de ta vie, tu voulais tout plaquer. et elle, en face de toi,
elle qui avait la possibilité de s'extirper de cet endroit, face à toi enfant coincé, enchainé, torturé, au sol foulé, affolé, monstre enfermé, elle qui s'est délibérément laisser submergée par les démons de tes nuits,
tu la détestais car elle avait l'air d'apprécier ça, comme une jalousie insupportable qui te plombe, qui te tue et retombe, comme un démon qui te dévore et qui t'implore, jalousie inadmissible quand on veut s'extirper de ses lianes.
pauvre gamin qui ne cesse que de pester, râler et s'enrager tout seul, bouffé par le mépris de lui et la chance des autres. tu en a oublié comment t'exprimais, engagé la conversation, tu en a tout oublié pour sympathiser, te lier d'amitié, éternel ennemi, de n'importe qui.
chien galeux qui se meurt, solitaire, tu refuses quiconque de t'approcher mais comme se besoin ardent de parler, tu ne cesses que de tenter, abandonner, réessayer, ré-abandonner.
- ah ouais, t'aurais pu dire "tu me fais chier va crever", ça aurait été la même. disais-tu pestant, parlant pour toi-même, cela peut dire, tu en avais pas grand chose à faire d'une vermine qui court comme une gamine tu voulais juste t'exprimer.
mais nick, personne ne veut t'écouter. alors tu pars, énervé, comme toujours, chien enragé.