Comme elles nous paraissent belles les lumières des lustres, des diamants aux cents éclats, des sourires blancs des gens heureux, rutilants de leurs fortunes accrochées sur chacun de leurs brillants boutons
Comme tu les as aimés dans l’enfance ; les voir tous briller et refléter ton visage souriant, émerveillé de tous ses élégants apparats mensongers, éclatés en mille fois de sincérité  
Mon dieu, comme tout ceci est éphémère !
Ont-ils tous fait semblant d’afficher sur leurs masques de faux sourires afin de plaire à tes parents, de te plaire toi ?  
Quelle affreuse gangrène a dévoré le monde si solaire dans lequel tu as grandi ?
À moins que ce soit toi qui n’ait la tête remplie de fausses idées
Car il n’y a que toi qui est malheureux, que toi qui est le vilain canard, regarde-les tous, n’ont-ils pas l’air heureux, eux qui ont acceptés ces règles d’hypocrites mondanités ?
Ils te regardent de leurs gros yeux globuleux, c’est toi qui sera prince, c’est toi qui gouvernera, toi qui veut fuir, tu resteras et aucune escapade ne te rendra ta liberté
Même si tes parents te placent à des centaines de kilomètres de ton pays natal, tu te sens enchainé comme jamais, comme un chien cloué au sol, le facteur, ton fantasme, il restera loin de toi
Malgré tout, tu n’avais jamais autant aimé un voyage
Singapour était si singulière, si vivante, si diversifiée !
Elle brillait, mais brillait de tant de choses !
Était-ce dans les yeux des étudiants qui ne cherchaient que l’excellence que résidait la flamme ?
Dans les reflets chatoyants de mille couleurs des blocs de verre ?
Ou se cachait-elle dans les vapeurs affamées des plats exotiques et uniques ?
Mais là où tu voyais enfin ton bonheur, où tu te plaisais à poser et trainer tes chaines, tes parents n’étaient guère de cet avis
Singapour n’était pas assez bien pour toi, pour eux et se mirent à la recherche de mieux; toujours plus grandiose, toujours plus pimpant
Toutes les écoles t'étaient ouvertes, grâce à ton assiduité (un peu), ton nom (beaucoup)
Mais parmi le large panel qui s'offrait à toi, il y en a une dont la demande intéressa fortement tes parents
Dis au revoir à l’Asie et bonjour Blenheim !
Combien de fois as-tu fait le tour de ta niche ?
Combien de fois as-tu emmêlé tes pattes blessées dans ses chaines ?
Combien de dents as-tu cassé en essayant de les mordre de les briser ?
Gentil toutou, un jour ta leçon, tu l’apprendras
Et tu cèderas, tu enfouiras tes rêves comme le cadavre d’un proche, les larmes pour l’abreuver
Et puis, jamais tu ne diras non à tes parents, n’est-ce pas ?
Alors laisse-toi trimballer comme un bagage, ici et là-bas, disponible à tout moment pour le bonheur, seulement des autres.