❝ BIOGRAPHIE :
(elle est si déconcertante)
dans ses grands yeux pétillants de petite fille déjà si grande on ne savait que lire, distinguer le vrai des faux semblants si bien étoffés (ah) déjà à couvrir ses bêtises de joliesses sur un ton enjôleur, laissant couler si fluidement mensonge sur mensonge pour se dédommager de tout dégât. adulée de ses semblables malgré son extravagance pour sa prestance et son adaptabilité plus que reine elle fut impératrice dans les jupons des domestiques
(et sûrement pas dans ceux de sa mère)
elle ne l'a pas beaucoup vue et les rares fois où ça s'est fait ne l'ont pas bien marquée (plus qu'une silhouette dans un recoin de sa tête) c'est tout ce qu'il en reste. assise sur un lit à déblatérer des propos incohérents (à son chevet parfois l'amour de sa vie) qui gagnait tant d'argent. ils n'ont jamais été soudés (ne le seront sûrement pas même pour leur soupire dernier) ça ne la chamboule pas (ne l'a jamais fait) elle a toujours eu toute l'attention qu'elle voulait
(et pour connaître un manque il faudrait déjà s'y être sentie attachée)


c'est un peu
(creux)
dans le fond de sa poitrine, à s'en demander si quelque chose y bat, si son palpitant ne palpite pas tant - elle se croirait faite de métal. l'adolescence et les remises en question (toujours plus de déraison) alors que son théâtre se fait plus éclatant encore et les mots si bien pliés ne cessent de se tordre sous le poids des responsabilités (elle n'a pas bien envie de grandir) elle n'est pas bien sûre de pouvoir jouer en étant adulte elle se sent

(funambule)

ne sait plus tant si elle ment (préfère en rire qu'en pleurer) en continuant de se perdre et d'errer (finir par en devenir indifférente) un haussement d'épaules dans son effronterie incessante (la crise) disait les gouvernantes (monsieur n'est pas très content) qu'on lui contait
ah !
ça lui faisait bien les pieds
(n'avait-il bien rien le droit d'exiger
pour n'avoir jamais rien donné)
quelques tensions sur des déménagements (occident comme orient) quelques photos sur les réseaux sociaux (des commentaires qui affluent) le paraître (ne pas être) juste un sourire sur un écran
(c'est bien suffisant)
et plus
le temps passe
plus le public
se fait
(g r a n d)


une lettre, un matin (pas de chasseur ni de lapin)
juste un avenir brillant comme ses chaussures en devenir et deux voitures qui se séparent sur le chemin (à droite à gauche) elle dans l'une, sa mère dans l'autre (la gloire et la fortune de la plus jeune dans les études, les médicaments et les murs en blanc dans la chambre qui retiendrait la tête blonde de la plus grande)
et ce n'est ainsi qu'un (au revoir) sans jamais s'être vraiment dit bonjour
qu'un entracte familial sur la première scène de son nouveau parcours
(nouveau public, nouvelle distraction)
qui espérons seront plus fameux que les leçons


(elle s'incline sur le bord de la scène, noyée par les roses de l'audience
qui fut charmée encore par ses mensonges et son je(u) plein(e) de mauvaises intentions à outrance)