Aujourd’hui, j’ai décidé qu’il était grand temps que ce vase disparaisse de ma vue. Alors, je l’ai poussé en dehors de mon champs de vision, tout simplement. Qui pouvait savoir que la distance entre cette table et le sol était aussi élevée ? J’arrive à sauter sur cette table en moins de temps qu’il en faut pour dire “ miaou “ ! Mais mes exploits et mon intelligence n'ont absolument pas plu a mon humain qui eu comme réaction de me disputer comme jamais avant. Et de me punir de gâteaux pour une semaine ! Non mais, imaginez ! Et puis qu’est-ce que c’est que cette excuse “ C’était un vase que le Prince d’Espagne nous avait offert “ ? J’ignore qui est cet humain alors je ne lui doit absolument aucun respect, je pensais que mon humain le savait déjà.

Et, bien sûr, en voulant ramasser les morceaux j’ai, pour une fois, voulu aider et n’ai fait qu'aggraver la situation en me coupant le coussinet et dans la panique, mon humain s’est coupé aussi. C’est donc ni une ni deux que nous nous mirent en route pour la pharmacie...pour la seconde fois de la semaine. Encore heureux que je n’ai pas eu à utiliser mes pattes, mon humeur s’en serait trouvée encore plus exécrable et cela me fatigue toujours énormément d'être de mauvaise humeur.

L’humaine en charge de la pharmacie expliqua à mon humain comment me désinfecter la patte et s’occuper de ma coupure qui heureusement n'était pas profonde ni très grave. Ces humains on le don pour tout minorer, j’ai mal, c’est donc FORCÉMENT grave. Enfin, bref. Nous nous posons au calme non loin de là afin de reprendre un peu notre souffle après tout ces histoire, je crois que nous en avons tout les deux besoin.

Mon humain me caresse doucement la tête, le regard absent. J’imagine qu’il a beaucoup de choses en tête en ce moment et que prendre un peu l’air lui fait du bien. Mais le calme ne dura, malheureusement, pas très longtemps. C’est une voix grasse qui nous ramena assez brutalement a la réalité.

«Hé, hé ! C’est le tien ? Je peux le caresser ? Il s’appelle comment ? Il est trop mignooon. C’est quelle race ? »

Ah ! Quelle joie de voir qu’un oeil expert a sû juger justement l'élégance de mon être. Quelle magnifique vision, une humaine si jeune et pourtant déjà si proche la critique artistique professionnelle. Je me redresse, exhibant mon magnifique pelage et mon humain ouvre la fenêtre qui me sépare du reste du monde afin que l’inconnue puisse me caresser.

C’est pourtant avec une grande inquiétude dans la voix que mon humain répond au petit être qui est venu a notre rencontre.

“Oui, vas y. Son prénom c’est Jury et c’est un sacré de Birmanie mais hm, tu n’as pas un peu froid ? Tiens, prend mon écharpe, ça te réchauffera.”

Je ne m’inquiète pas trop pour mon humain, pour le coup. Je sais qu’il a toujours été à l’aise avec les humains bien plus jeunes que lui. Et d’ailleurs, sa gentillesse  est l’une des grandes qualités que je lui ai apprise. J’en suis très fier. Il lui adresse un doux sourire avant de reprendre la parole un peu plus tranquillement.

“Et toi, comment tu t’appelle ?”

Il se décale pour lui laisser une place sur le banc où nous nous étions installés.

Je regarde mon humain avec détresse alors que je me fait caresser bien plus vigoureusement que prévu, celui-ci me rend mon regard sans dire un mot, je comprend donc que mon rôle pour le moment est de me laisser faire. Heureusement que je suis très patient et que j’aime être le centre d’attention.

Mon humain reprend son écharpe à la réponse de l’inconnu mais ne perd pas son air inquiet tout autant.

- Très bien, dans ce cas…

Il écoute avec attention le débarras de parole qui lui est adressé en hochant la tête comme pour indiquer qu’il est toujours là.

- Quel beau prénom. C’est vrai que ça ne sonne pas très Suédois. Ta famille a dû beaucoup voyager ! Oh et, bien sûr que tu peux le prendre en photo si le cœur t’en dit.

A l’aide.

- Mon prénom à moi c’est Narcisse, je suis français.

Et le voilà qui sort une sucette de sa poche, un geste classique chez lui lorsqu’il est en extérieur et encore plus lorsqu’il se retrouve confrontée à une situation imprévue.

- Tu veux un bonbon ? J’en ai plein !

On se demanderait presque qui est le plus jeune des deux.

Mon humain semble plutôt satisfait de ne pas avoir à être la personne à faire la conversation bien que moi je commence a me trouver un peu à l'étroit dans les bras de cette Chin-Ja. Hey attention a mes poils entre les oreilles, ils sont sensibles !

- Oui, comme le mythe, je vois que tu as une bonne culture générale.

Je crois que pas mal de questions se bousculent dans la tête de mon humain mais qu’il préfère ne pas les énoncés à voix haute...rien de très surprenant sous les étoiles, donc.

- Hum, j’ai des sucettes à la fraise et à l’orange et je dois aussi avoir des barres de chocolats et des crocodiles. Ah, attends j’ai surement aussi des chewing-gum à la menthe et des langues de chats.

Je le regarde fouiner dans son sac tout en listant toute ses sucreries. L’humaine en chef avait pour habitude de lui interdire d’en avoir autant sur lui mais lorsqu’il est loin de chez lui, mon humain en profite toujours pour se remplir les poches de ces “bonbons”. Aucun ordre particulier ne m’as été donné concernant cela alors je le laisse faire comme bon lui semble.