Ô Aelig, douce Aelig.

Tes pieds foulent le sol d’herbes ensevelies sous la neige. Tu n’as jamais réellement craint le froid. Même si aujourd’hui, par ce temps tu te dis que tu aurais dû peut-être te couvrir d’une épaisseur supplémentaire. Tant pis, il est trop tard pour regretter, tu récompenseras ton entière unité un peu plus tard, avec une douche chaude, peut-être, si tu en à l’occasion ; si tu ne te perds plus dans les couloirs du grand bâtiment qui te loge désormais.

L’incendie a fait des ravages, bien entendu. Parfois même avec un peu de vent, tu à l’impression de pouvoir encore sentir l’odeur du bois brûlé, achevé par l’humidité qui s’y est réfugiée désormais. Mais le plus problématique reste pour tes repères. Tout a été chamboulé pour toi, pour ta vision si particulière du monde. Tu dois te concentrer pour lire de nouveau, pour refaire un plan exact du bâtiment. Et parfois cela se révèle être un exerce épuisant. Malgré tout tu t’y attèle sans relâche. Vivre est épuisant pour tout le monde ; pourquoi en serais-tu davantage épargnée que les autres ?

Pour le moment, tu n’y penses tout simplement plus. Tes genoux fléchissent, te faisant asseoir sur cette étendue blanche à laquelle se mêle ta longue chevelure blonde d’or. Tes joues, fouettées par la fraîcheur, revêtent une belle teinte rougie. Que tu es belle Aelig, si belle dans ta cécité, mais aussi dans ta manière de bouger. La fine colonne de fumée gravissant les marche invisible du ciel depuis tes lèvres donnent presque un air féérique à ta personne. Pour un peu, tu ressemblerais presque à Cailleach, sorcière divine de la mythologie celte et maîtresse des saisons – et donc, de l’hiver. Ta grand-mère adorerait te peindre de la sorte, c’est certain.

Mais pour toi ce n’est qu’un jour ordinaire.

Il ne sait pas où il en est.
Tim est un peu perdu en ce moment. Mais le problème, c'est qu'il ne sait pas pourquoi. Un peu comme si des moments de la journée devenaient flous, comme si, il clignait des yeux et d'un coup, pouf, le matin est devenu le soir.
C'est bizarre. C'est frustrant. Ça le met en colère. Mais tout le met déjà en rage habituellement, alors il a l'impression de devoir essayer encore plus de se contrôler, ce qui veut dire courir plus, étudier plus, dormir moins. Parce que sinon il pense trop. Et c'est trop bruyant. Et ça le trigger une fois encore.
Peu importe, il est un peu plus crevé chaque jour, mais il est persuadé que ça va partir tout seul. C'est juste une phase, quoi d'autre ?
Enfin, bref.
Au moins du coup, il prend l'air ! Comme maintenant ! Avec son portable, son casque et le son du silence dans ses oreilles. Emmitouflé dans un manteau qui coûte un bras et un rein, en tant que bon bourgeois qui se respecte, et une écharpe en cachemire, parce que c'est doux, ça ne gratte pas et c'est chaud.

Il ne s’attendait pas à tomber sur quelqu'un a vrais dire. Ce qui était un peu le but de cette petite -longue- marche.
La neige crisse sur ses chaussures, il sait très bien que l'autre l'a entendu, mais il s'autorise un instant de contemplation. Il a toujours aimé les choses belles après tout, c'est son coté esthète sûrement. Et Aelig est très belle dans ce cadre.
Puis finalement, il va s'asseoir à ses côtés en lui balançant presque son écharpe dessus.

« Tu fous quoi ici. Il caille. » Et tu as clairement froid. Mais il n'a pas vraiment besoin de dire ça.
Sérieusement tho', c'est pas le meilleur endroit pour se poser et réfléchir au sens de la vie, wth.

Ô Aelig, douce Aelig,

Tu avais entendu cette pseudo-intrusion dans ton univers, ton espace. En quelque sorte. Ici rien ne t’appartient, tu ne peux prétendre être la maitresse de ces jardins d’hiver ; et à vrai dire tu n’en a pas la moindre envie. Tu n’étais ici que pour changer d’air, changer de monde. Puisque tu ne peux voir, ton monde s’invente autrement ; les courbes sont remplacées par des effluves, des sons et des sensations. Tu avais besoin de t’exiler un peu de cette épave de bois et de cendre ; de sentir tes poumons chanter sous la douleur de l’air frais s’y engouffrant. C’était revigorant.
L’approche de cet autre être humain – car la neige craquelait bien trop sous ses pas pur qu’il s’agissait d’un animal – ne t’évoques rien de très particulier ; jusqu’à ce que tu accuses de l’embrassade d’un tissu chaud, doux, agréable.

Tu identifies rapidement l’être nouveau comme étant une écharpe, tes doigts le parcourant avec la grâce et l’agilité d’une joueuse de harpe.

La voix te revient également, douce mélodie glissant fraîchement sur tes tympans. Pourtant tu lui souris, avec tes lèvres rosées, fouettées par les basses températures ; et tes fossettes qui creusent tes joues. Tu lui souris car tu devines ses bonnes intentions derrière la brusquerie de son propos. « Bonjour, Tim. » Mais tu le sais aussi, Aelig. Cette cécité te permet de voir ‘au-delà’ de l’apparence. Alors, lentement, à tâtons, tu chercher une manche à laquelle t’accrocher. Tu l’as perçu, n’est-ce pas ? Cette note étouffée dans le lointain de sa voix. « Est-ce que tout va bien ? »

Tu n’es guère Cailleach, tu es simplement toi. Alors il y a des présages pour lesquels tu ne peux rien si l’on ne te parle pas. Tu es comme tout le monde, Aelig ; loin d’être infaillible.

Oui bon, certes, bonjour. C'est vrai qu'il aurait pu commencer par là, mais n'importe qui le connaissant un tant sois peu sait que, ce n'est pas par manque de respect. Heureusement. Sinon il aurait zéro potes. Pas sûr que ça aurait été bon pour sa psyché tout ça.

Il soupire, c'est chiant parfois, de ne pas savoir cacher ou d'être avec des personnes trop...perceptive ? En fait, c'est surtout embêtant parce que lui, est tout le contraire. Il remarque rien et ça peut sembler très égoïste de sa part. Et pourtant, ce n'est pas fait exprès ? Il ne voit que le concret, ce qui est expliqué. L’abstrait, c'est... incompréhensible pour Tim.
Il se rapproche un peu et pose sa tête sur l'épaule d'Aelig, il est bien, là.

« Mhmh. Peut-être. Fatigué. » De oui à non. Sa gorge se resserre, il l'ignore. Ça doit être le froid.
« Et toi ? Tu ne m'as pas répondu. » On n'a pas idée de se promener, nan, de s'asseoir carrément seule dans la neige comme ça.
Ne le méprenez pas, il sait que la blonde est parfaitement capable de se débrouiller sans l'aide de personne, cécité ou pas, ça reste une chose très bizarre à faire ! La curiosité n'a jamais fait de mal à p-.... Un peu du moins ne lui fera rien. Right ?

Ô Aelig, douce Aelig.

Te voici en bonne compagnie. Car ce n’est pas n’importe qui, qui est venu troubler cette apparente tranquillité. Tim. Ton sourire, discret, s’élargit pourtant en sentant la tête de l’Outrageous sur ton épaule. Tu n’es ni peinée ni même gênée par cette initiative. Tu apprécies, même. C’est le langage du corps qui s‘exprime, celui que tu parviens à comprendre le mieux, sans doute. A défaut de pouvoir voir avec tes deux yeux, c’est tout ton corps qui devient métronome de ta lecture bien à toi.

Tu ris un peu. Il est vrai que tu ne lui avais pas répondu. « Je voulais simplement marcher un peu dans la neige. » Car tu aimes la neige, sa froideur, sa pureté. Tout est si limpide avec elle, il n’y a pas de faux semblant. Tu aimerais être comme elle, parfois. Mais peut-être que trop de pureté ne te sied pas tant que ça, finalement.

Tim est troublé. Tu sais que la fatigue pourrait très bien être la seule responsable de cet état avancé de l’étrangeté. Mais tu veux en avoir le cœur net et tu veux le consoler. Tim est précieux à tes yeux, mais aussi à ton cœur. Alors, doucement, tu t’armes de tes mains pour prendre son visage en coupe, avec une infinie douceur. Tu ne veux ni le blesser, ni le surprendre. S’il ne te désire pas dans son espace privé, tu sais qu’il saura te le faire comprendre. Tu pivotes ensuite pour te retrouver face à lui, autant que possible. Et là, tes phalanges glissent sur sa peau, douce. Tu ‘lis’, en quelque sorte, tu essaies de décrypter les tensions de ses muscles.

Tes doigts s’égarent ensuite sur son cou, ses épaules. Toujours avec une grâce bien à toi, dont tu ne te sais pourtant pas empreinte. « Ta chambre est inconfortable ? » Tous les moyens sont bons pour comprendre.

Simplement marcher dans la neige. Ouais. Qui serait-il pour juger en même temps ? Il avait fait un peu près fait la même chose après tout. Pas besoin de plus d'explication.
Au final, lui qui cherchait la sérénité, c'était plutôt bien joué. Aelig a ce... pouvoir étrange sur lui, qui le calme. Qui rend sa respiration plus fluide, moins forte. Et c'est bien pratique vu que, si n'importe qui d'autre avait touché son visage comme elle le faisait, il aurait sûrement tordu la main de l'envahisseur par pur réflexe.
Il déteste qu'on lui touche la face. C'est juste... Nope. Mais la jeune fille est une exception. Dérogation spéciale ahah. La vision remplacée par un autre sens. En quelque sorte, c'est bien plus doux qu'un regard.
Elle explore, il se laisse faire. Yeux fermés lui aussi.

« Ma chambre est... bruyante. » Il se raidit. Il ne parle certainement pas des canidés ou des autres résidents du lieu. Quoique. Le fait d'être avec un type qu'on ne peut pas saquer ne doit pas aider. Vivement que les dortoirs soient rénovés, ça serait peut-être plus serein.

« Tu as déjà eu l'impression que... l'air est... plus épais qu'avant ? Comme si c'était plus lourd ? » Putain il sonne complètement con. Ça ne veux absolument rien dire. Tsk.

Ô Aelig, douce Aelig.

Tu le sais aussi bien que le monde entier ; voir peut-être même mieux que n’importe qui. Tu n’es pas la seule à souffrir, à te sentir mal parfois. C’est une condition humaine. Chacun essaie de composer avec, en vain ou en succès ; tout dépendait de tout un tas de facteurs sur lequel nul n’avait toujours son mot à dire. Pour l’heure, tu te concentres surtout sur ce que Tim te dit. Il s’ouvre à toi, se confie. Tu sais que ce n’est pas spécialement commun, pour lui, alors tu salues l’effort, la maîtrise qu’il a de ses mots.

Tu te rassois un instant, éloignant tes mains de lui. Tes jambes se suffisant comme siège sur cette terre rendue froide par l’hiver, tu réfléchis. Tu as déjà eu ce sentiment, des tas de fois, oui. Car tu es comme n’importe qui, tu es comme Tim, tu es son égale. Tu cherches les bons mots. « Oui. » Inspiration, expiration. Ton souffle décadent se perd dans le froid, colonne de fumée quittant tes lèvres à l’instar de la lumière du soleil. « Ma grand-mère me disait que c’était une façon pour mon corps d’exprimer de la peine ou de l’angoisse. Lorsque quelque chose me travaillait, il arrivait que je me sente ainsi, en effet. »

Tu cherches, doucement, ses doigts à lui, auxquels tu t’agrippes avec une étrange douceur, comme s’il était ton ancre dans la tempête si calme. Ton point de repère dans l’œil du cyclone. « Es-tu soucieux, Tim ? » Autant poser clairement la question. De toute manière, tu serais là pour l’épauler.

Il réfléchit. Attentif aux mots de la jeune fille, essayant d'y trouver un parallèle avec sa situation en serrant cette main et voulant presque retirer son gant pour mieux en profiter. Est-il soucieux ? Lui ?
Lui qui ne pense pas avant de parler, qui agit par réflexe et se dirige a son instinct. Comment pourrait-il l'être ? Il est supposé être antipathique, le genre de type qui à pas de problème parce que tout est simple et sans importance.
Supposé.

Il soupire et laisse tomber sa tête sur l'épaule d'Aelig, il pourrait s'endormir là, dans le froid. Oublier et se contenter de sa présence. De toute façon, il peut répondre quoi ?

« ...Je ne sais pas. » Réfléchit, réfléchit encore. Où est-ce que ça bloque ? « J'ai aucune raison de l'être. » C'est vrai ça, il a tout. L'argent ? Les amis ? La famille ? Une personne très spéciale ? Oui, juste a ses cotés ! Check, check, check. Bordel !

« Tu fais quoi toi, quand ça t'arrive ? »

Ô Aelig, douce Aelig.

Te voici maîtresse de la barque imaginaire dans laquelle Tim et toi êtes en train de flotter, comme coupés du monde. Comme simplement concentrés sur votre monde, pour dire vrai. C’est à toi qu’il revient l’immense honneur de le guider, lui, ce jeune homme à qui tu tiens tant. Car il a amené une vigueur dans ta vie que tu ne connaissais nullement auparavant. C’était un éclair, un choc thermique nécessaire. Tu estimes donc que la moindre des choses, c’est encore de l’aider à trouver la paix avec lui-même.

Sa tête sur ton épaule te tire un sourire sincère. Tu aimes ce genre de contact, tu te sens à l’aise et tu sais que c’est réciproque – car peu de gens ose agir comme cela en ta présence et tu le regrettes un peu. Doucement, de l’une de tes mains, guidée par ton seul instinct, tu retires ton gant puis le sien ; morceaux de tissus qui gênait jusque-là votre contact total, ta lecture des dermes. Tes phalanges se lient aux siennes avec une certaine tendresse. Si seulement tu pouvais connaître l’origine exact de son mal-être de l’instant, tu serais ravi de t’en emparer pour le détruire et rendre à Tim sa liberté et sa capacité à s’envoler loin des chaînes et des diktats. Comme un oiseau, un corbeau dans le vent.

« Souvent, je marche sans réel but. Et je respire profondément. Ensuite, je réfléchis souvent aux autres, aux gens. Je tâche de penser à ce que j’ai vécu avec les personnes que je connais bien. Et si une pensée étrange me vient, je me dis que peut-être, l’impression de lourdeur dans l’air vient de là. Alors je me rappelle de ce qui aurait pu me gêner. » Mais cela fonctionnera-t-il forcément avec quelqu’un d’autre que toi ? Tu n’en sais rien Aelig. Et cela te frustre au plus haut point. Même si tu n’en montre rien.

C'est une mélodie, cette voix. Peut-être est-ce le cadre étrange dans lequel les deux sont dépeints qui rend la voix d'Aelig plus lyrique. Il se concentre, il essaye de suivre ces conseils, profitant du calme qu'il n'aura sûrement plus une fois retourné dans l'établissement.
Il s'est passé beaucoup de choses cette année. Trop. À croire que cette école est maudite. Soupir. Il n'arrive pas à mettre de l'ordre dans sa tête. La racine de son problème...ça doit être lui-même en fait. Pas un événement ou une tierce personne.

« Je vois... » Que dalle. Il voit rien, ne comprend rien et ça l'énerve profondément.
« Raaaah ! Plus les jours passent, plus j'ai l'impression de devenir con. » Quel épanouissement... Il se retient de ne pas défoncer la neige à coup de pied seulement grâce à la main d'Aelig, s'il devait bouger brusquement maintenant, il perturberait tout. Encore une fois.
À la place, il enlaça carrément la jeune fille, bras autour de la taille, nez enfouit dans l'écharpe qu'il lui avait passée en grognant façon...Bah... Façon Tim. ...pardon

Ô Aelig, douce Aelig.

Tu regrettes un peu la naïveté que tu as pu avoir vis-à-vis de Tim. Tu pensais que, peut-être, avec quelques mots, quelques phrases alignées et un remède dispensé à l’oral, il irait un peu mieux. Mais tu t’es fourvoyée, perdue sur des sentiers tout sauf battus. Et maintenant te voici, entièrement démunie face à l’oppression invisible qui assaille ton petit-ami.

Pour autant Aelig, tu persistes. Tu refuses d’abandonner. Tu veux te battre et persévérer ; avec pour arme ton amour pour l’Outrageous et la tendresse exacerbée en guise de bouclier. Tu veux y arriver et tu veux y croire. Tu voudrais qu’il cesse ainsi de se torturer, de s’électriser les pensées avec d’obscures aspérités.

Lorsqu’il t’attire à lui, tu ne peux t’empêcher de rire un peu, Aelig. Ce rire qui résonne et se perd dans l’atmosphère, qui ricoche sur vos deux êtres semblables à des sculptures de verres. La vérité n’est pourtant pas si éloignée. Ce moment privilégié est si fragile que tu voudrais le conserver à tout jamais. Tu sais bien cette entreprise vouée à l’échec dès le départ ; bien sûr.

Mais dans ce cas, pourquoi ne pas en profiter, ne serait-ce qu’un peu ? Oublier l’alentour et se consacrer au seul vrai sujet d’importance. Oui, cela te semble être une pensée prometteuse. Et puis, tu n’es pas une solution en soit, Aelig. Mais si tu peux aider Tim à s’évader de sa prison pour le moment, alors tu le feras sans hésiter. « J’aime être dans tes bras. » Car c’est la vérité la plus condensée de cette journée.

D’un geste très délicat, tu reprends ta ‘lecture’, du bout de tes doigts. Tu t’éloignes un peu de lui, de quelques centimètres seulement. Et, une fois que tes phalanges ont identifiées la cible que tu recherchais tant, alors tu t’autorises à revenir vers Tim. Et tes lèvres caressent les siennes.

Tim n'est pas quelqu'un de tactile, loin de là, c'est même plutôt le contraire. Ce gars semble toujours repousser les contacts plus ou moins tendre un maximum. Il est bien plus à l'aise s'il s'agit d'une claque dans le dos, c'est bien, clean, net, amical, court.
En même temps, la plupart de ces sois disant preuve d'appréciation sont juste du gros baratin et bon, se faire prendre pour un con, ça va deux minutes, alors y'a que deux trois personnes qui sont autorisé d'agir de la sorte avec lui. Sa sœur, Aelig et... euh... Et c'est tout en fait ahah. (on ne parlera pas d'un certain Lorddamn, ça ne compte pas, ils étaient bourrés).
Donc bon, c'était ça qui était bien aussi entre les deux, un geste valait mille mots et putain la confiance quoi.

Il brise le contact d'à peine un fil, prenant le temps de sentir la respiration de la jeune fille sur son visage. Il sourit.

« J’aime bien aussi… » Et lui aussi s’autorise à les réunir une seconde fois, c’est froid, évidemment. Ahah « C’est pas avec ça qu’on va faire monter la température…» Sa voix craque. Il a dit quoi là. …«  Pffft, pardon. » Il ricane, c’est vraiment sortit tout seul. Il casse l’ambiance, mais… C’est un peu sa spécialité, non ?  

Ô Aelig, douce Aelig.

Est-ce que Tim semble aller un peu mieux ? Oui. Est-ce que tu es sûre de cela ? Certainement pas. Car même avec tes sens exacerbé du fait de ta cécité, il y aura toujours des choses, des interprétations, que tu seras toujours dans l’incapacité de capturer pleinement. L’esprit humain et ainsi et, même si tu voudras faire plus pour lui, tu sais que tu ne peux décemment pas faire davantage que ce que ton corps te permet déjà.

Tu te prends à sourire. Non, à rire, même. Cette réflexion, juste après votre second baiser, tend à te faire rire sincèrement. Car oui Aelig, tu as beau avoir été un oisillon en cage pendant près de vingt ans, tu n’en demeure pas moins une jeune femme qui apprécie les traits d’esprits. Même ceux-ci, oui. Car au fond tu n’es pas trop compliqué. Et puis, toi qui court après la sincérité, tu ne peux être que servie, avec lui. C’est apaisant. Étrange. N’étais-tu pas censée être celle qui devait l’aider à se ressourcer ?

Il apparait pourtant que, comme par un mystérieux enchantement, c’et toi qui te sens mieux que jamais auprès de l’Outrageous. Alors, avec une gracieuse lenteur, tes doigts remontent vers les hauteurs, se perdent une instant à caresser son dos, jusqu’à parvenir à sa nuque où tu choisis de les enrouler, pour mieux vous coller l’un à l’autre. « Je ne serais pas déranger que nous fassions une autre activité pour la faire remonter, personnellement. » Car si tu es sage, tu n’es en rien ingénue. Tu es parfaitement au courant de la vie, Aelig. Et tu laisses le choix à Tim de te posséder. Ou de te repousser. Car tu as confiance.

Ah non mais vraiment, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Pas que ça soit dérangeant, dans leur bulle, ils peuvent faire ce qu'ils souhaitent, personne ne pourra les arrêter n'est-ce pas ? Pas tant qu'elle ne se brise pas.
Au moins, ses doutes semblent avoir pris la fuite pour le moment. Il peut penser à autre chose, juste, juste un peu, et il ne demande pas mieux. La réponse d'Aelig le fait rire, ouais, ça fait du bien d'oublier son bordel.
« Ahah, mademoiselle est aguicheuse. » Il passe sa main dans ses cheveux, dégageant le visage de la jeune fille pour mieux l'admirer. Elle est précieuse. Précieuse pour lui.
« Merci. » d'avoir écouté sans rire.
« On devrait rentrer avant d'attraper froid. » Même si ne pas bouger d'ici et rester dans le calme et la sérénité de la scène est une alternative qui lui plaît énormément, tomber malade comme ça serait vraiment, très dommage. Et con. Un peu.

Ô Aelig, douce Aelig.

Tu te sens si bien aux côtés de ce jeune homme, si unique de par son être, ses manières, ses façons d’agir. Avec les autres, avec lui-même. Avec toi. Tu n’es pas dupe. Tu sais bien que tout le monde ne peut se permettre une telle proximité avec lui. Tu chéris donc d’autant plus votre lien.

Tu frissonnes de bien être lorsqu’il passe une main dans sa chevelure pour dégager ton visage. Et tu ris doucement, Aelig. Tu ris avec une telle délicatesse que s’en est presque irréel, vu ainsi. Les choses s’emboîtent pour le mieux.

Tu es heureuse, heureuse d’avoir pu être un tant soit peu utile. Tu accueilles son merci avec gratitude, même s’il n’y a pas vraiment de raison de te décerner pareil caresse vocale. A ton sens, du moins. Car tu n’as rien fait de plus que la stricte normalité. Et puis, lui aussi n’a pas ri de ta difformité, la réciproque est donc plus que justifiée.
Et puis… Tim est une partie de toi maintenant. Pourquoi rire de toi-même pour faire du mal et non du bien ? C’est incompréhensible. Tu te relèves, impériale dans ton habit d’hiver aux couleurs douces. « Ça me va. Où veux-tu aller ? » Après tout, le palais ne se limite pas qu’à quelques couloirs.

Il se relève lui aussi, moins gracieux dans ses mouvements que la jeune fille. Il s'est toujours demandé, comment une personne qui ne peut pas voir, peut faire preuve d'autant de délicatesse. S'il devait choisir un mot pour décrire Aelig, ce serait ...éthérée. Autant pour son apparence que pour son cœur.
Les deux ensembles forment un tableau assez surprenant au final.

« Hm... Un endroit calme.. Soit au lieu de rentrer, on sort. Prendre un thé, un café. Quelque chose de chaud. » Il hausse les épaules, les détails ne sont pas important. « Ah. Mais si on fait ça, il faudra que j'aille chercher Faithou... ..Tu préfères quoi ? » Lui, il s'en fiche un peu. Ils pourraient aussi bien décider d'aller faire une sieste que ça ne le dérangerais pas, tant que ce n'est pas une source de stress inutile en plus.
Typical.

Ô Aelig, douce Aelig.

Tu aimerais dire que peu importe ce que vous allez faire, la présence de Tim sera largement suffisante pour toi, pour que tu passes une bonne journée. Tu songes cependant, que parmi tes nombreux ressenti, il y a celui de la nécessité de prendre une décision. D’aider Tim dans ses démarches, ses envies de mouvement. Tu lui souris, tendrement, avec la douceur de tes chaires fouettées par le froid de cet après-midi.

« Nous pourrions aller nous promener, oui. Et puis, Faithou doit attendre impatiemment ton retour, j’imagine. Pourquoi ne pas combiner les deux, en effet ? » Les basses températures ne t’effraient pas, elles sont comme spectatrice de ton avancée sur ces terres maintenant gelées.

Mais tu ne regrettes rien, Aelig. Car l’affection puissante que tu portes à Tim suffit à polariser ton attention sur ce dernier. Tu ne regretteras pas de passer du temps avec lui, tu le sais. Car tu l’aimes.