❝ BIOGRAPHIE : J'avais 3 ans quand c'est arrivé. J'aurais dû ne pas m'en sortir. Mais la vie en avait décidé autrement. Multiples os cassés, les jambes principalement, jusqu'aux os des pieds. Les avants-bras, mes hanches...quand je suis passé sur le billard, les médecins avaient peu d'espoir. Et au final, je m'en suis sorti. On a annoncé à mes parents que je serais handicapé à vie et pourtant, là aussi, ironie du sort, tout est redevenu "presque" à la normale. Cet accident, je n'en parle jamais. Tout simplement parce que je ne m'en souviens pas. Tout ce dont je me souviens, ce sont les hôpitaux, les cliniques, les centres de rééducations, les médecins, les infirmières. Les murs blancs, cette odeur aseptisée, les animations pour les enfants, que je trouvais déjà stupide à l'époque. Parce que j'ai grandi trop vite, à cause ou grâce à mon père, qui sait, dans tous les cas, s'il n'avait pas fait de moi un battant, je n'en serais peut-être pas là aujourd'hui.

Quoi qu'il en soit, je suis sorti définitivement de ce cercle à mes 10 ans. Le principal était que je marchais, j'étais jeune, disaient les médecins, ça aidait. Pour autant, j'ai gardé des séquelles à mes hanches. Mais ce n'est pas ça qui allait m'empêcher de vivre ma vie comme un enfant normal. C'est à cette même époque que j'ai commencé le tennis. Ma mère était contre, mais pas mon père. Elle n'avait qu'à choyer mes deux frangines, nées il y a 3 et 5 ans maintenant et se taire.

« Tu es le meilleur Aaron, donne tout ce que t'as mon garçon, tu iras loin dans la vie. Être faible, ce n'est pas pour nous. »

Mon père est tout pour moi. Tout. Il m'a toujours soutenu. Je suis sa copie conforme me dit souvent ma mère. Et quand je regarde mes frangines, je me dis qu'il faut bien quelqu'un dans cette famille pour remonter le niveau. Ma mère est belle, certes, mais trop gentille. A croire qu'il faudrait tendre à la main à n'importe qui pour recevoir de l'amour en retour. Je vois ma première frangine en elle, mais avec plus de caractère, c'est bien pour ça que je la considère. Mais notre cadette, qu'elle mollassonne. Une faible. Elle pleure tout le temps, elle ne se défend même pas. C'est une victime, rien de plus.


« Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan » Son cri strident me vrille les oreilles. « MAIS TA GUEULE STEPHANIE. T'es vraiment qu'une sale morveuse ! » Je lui attrape les cheveux, sans ménagement. « Qu'en est-ce-que tu vas apprendre à grandir un peu ?! T'es qu'une moins-que-rien, tu m'étonnes que père ne te regarde même pas ! Tais-toi et assume ! Maintenant va nettoyer ta chambre, c'est ta place, cachée à la vue de tous. Tu es une honte pour la famille ! »


Parce que mine de rien, je suis Marquis. Moi et mes soeurs le sommes et je doute réellement que notre cadette en mesure la portée. Certes, nous sommes loin d'être les premiers sur la liste d'être un jour Prince et princesse sur le trône, mais nous avons une réputation à tenir et pas les moindres. Alors je m'efforce de garder la tête haute. Quand ma mère m'a d'ailleurs annoncée qu'elle attendait un quatrième enfant, j'en ai fais des bons au plafond. Mais que l'honneur soit sauf, c'est un garçon. Et il lui martèle tellement de l'intérieur que je sais qu'il aura du caractère. J'espère qu'il sera suffisant pour remonter le niveau.

Mais passons. Maintenant que je suis à Blenheim, je suis loin de tout ça, pour le moment. Bien heureusement, je ne manque de rien ici, pas même de ce sport qui m'a permis de montrer à quel point je valais quelque chose malgré mon enfance chaotique. Je dois y aller mollo, mais je suis malgré tout l'un des meilleurs tennisman du campus. Si je dois faire attention à mes hanches, disons que je travaille sur ça en suivant encore et toujours des séances de kiné, même si c'est clairement une torture pour moi d'y aller : oh, pas de faire mes séances, juste d'entrer dans le cabinet. De parler à ce pauvre type. Étude supérieure certes, mais qui ne restera ni plus, ni moins, qu'un sous-fifre et surtout, un médecin à mes yeux.

Je m'égare. Qu'aurais-je de plus à vous dire. Que je suis bon élève ? Vous l'auriez surement deviné. Alors je n'ai rien à ajouter. Vous n'avez pas besoin d'en savoir de plus de toute manière, je n'ai plus rien à dire à des prolétaires.