Tu sais pas trop comment tu t’es retrouvée là Eris.
Peut-être parce qu’au fond, derrière la resting bitch face, ça te fous mal de penser qu’il y ait des gens qui galèrent. T’as la chance d’être à Blenheim maintenant, et que le palais n’ait pas pris trop cher cette fois. Mais t’as vécu en orphelinat, t’as grandi en foyer, tu sais ce que c’est que d’avoir le nez dans la merde et d’espérer qu’il y ait des gens pour venir filer un coup de main.
Alors ouais, parfois, tu te rappelles que t’es humaine et que ça fait pas de mal de filer un coup de mains aux autres individus de ton espèce.

Et puis c’est une école ici. Des gosses. La version miniature même, vu le niveau scolaire.
Ils ont rien demandé à personne, ils sont encore innocent, et ils méritent mieux que de se retrouver bloqués trop longtemps dans des préfabriqués parce que la planète Terre a décidé de faire un caprice et de vous engloutir un petit coup.
C’est la merde les préfa.

T’as fait un effort pour essayer de trouver un truc pratique dans ta garde de robe digne de celle d’une dress-up doll et c’est les mains dans les poches que tu avances, jaugeant l’étendu des dégâts. Aucun doute que tu vas niquer un ongle ou deux dans l’histoire, mais pour une fois, c’est worth it.
Et soudain une petite voix te sort de tes réflexions et tu tourne la tête pour observer le sourire constellé de tâches de rousseur qui te fait face.
Ah.

“Hey, Emmylou.”

Et tu souris à ton tour. T’as rencontré la demoiselle en allant emmerder Aiden. Tu regrettes pas trop de l’avoir collé ce jour là du coup.
Emmylou depuis, dans ta tête, c’est deux yeux pétillants sous une frange rousse, une voix douce et de la gentillesse à revendre.
Et damn, tu as toujours été faible face aux demoiselles, surtout quand elle sont mignonne. Il a pas fallu plus pour qu’elle soit rangée dans les cases “Trop pure pour ce monde” et  “Must protect”.
Alors tu hoches la tête tranquillement, quitte à galérer pour nettoyer une école primaire pleine de boue, autant faire ça en bonne compagnie.

“Ca va. J’ai pas à me plaindre. On a du pain sur la planche, mais rien d’insurmontable vu le nombre qu’on est”

Tu hausses les épaules. Toi t’as rien perdu dans l’histoire. Quelques cicatrice de foutus frelon, une légère phobie qui s’en est développé, mais tant que d’énormes bêtes rayées ne viennent pas se joindre à vous, tout va pour le mieux. Quant à la situation actuelle … Se plaindre n’aidera pas, tu préfères encore remonter tes manches et y aller avec motivation.

“Et toi ? Ca va ?”

Tu sais que l’innondation a pas été facile pour tout le monde. Shii l’a mal vécu au vu de sa relation à l’eau et tu bénis l’univers d’avoir été là pour ne pas la laisser seule dans ce genre de moment. T’as entendu parler d’une femme ayant du accoucher en urgence. Des animaux disparu - Heureusement Sugar ne risquait pas grand chose dans son vivarium -. Une élève au moins aussi. Facilement de quoi être traumatisé.es pendant quelques semaines.
C’est pas parce que tu vas bien que c’est le cas de tout le monde, t’en est bien consciente


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Elle semble surprise que tu te souviennes d'elle et la remarque t'arrache un rire léger. Aucun risque que t'oublies une bouille pareille ! Non, pas te connaissant.
Mais tu trouves d'autant plus amusant, et quelque part, un peu mignon, que la rouquine soit naturellement venue vers toi en te reconnaissant, tout en étant visiblement persuadée que tu ne te rappellerais pas qui elle est.
Tu l'observes commencer à récupérer des trucs nécessaire pour vous occuper de nettoyer et l'écoute exposer son optimisme d'avoir terminé avant que l'après-midi ne commence. Optimiste mais pas impossible d'après le nombre de bras venu filer un coup de main. Alors tu hoches la tête en la suivant, choppant une paire de gant au passage pour l'enfiler et te rendre utile.
Papoter c'est cool, d'autant plus avec la mistinguette en question, mais c'est pas pour ça que t'es là à l'origine, alors allions un peu l'utile avec cet agréable, hein.

Il est assez clair, à la façon dont elle l'expose, que l’inondation n'a pas été le plus gros trip de sa vie. Compréhensible. Mais elle relativise immédiatement, avant de te retourner la question.
Beaucoup trop douce.

"Non, ça va. Pas de grands blessés dans mes proches ! Le pire qui me soit arrivé c'est des frelons qui sont venu se joindre à la fête avant qu'on nous récupère, mais eh, si je suis là c'est qu'ils étaient pas si terrible que ça !"

Ils t'ont juste un peu traumatisée des bestioles rayées, mais tu seras pas la première à te figer en croisant une guêpe après tout. Bref.
Tu te penches pour ramasser les affaires, les jetant dans le sac qu'Emmylou a pris en continuant à parler.

"Ca a été plus de peur que de mal. Mais ça reste sacrément flippant sur le coup, clairement !"

T'as pas de honte à assumer ce genre de faiblesse : faut être débile pour pas craindre pour sa vie dans ces situations là. Et devant une demoiselle aussi douce que ton interlocutrice, tu vois pas l'intérêt de jouer les gros bras téméraires, tu doutes qu'elle te juge pour avoir un peu freak out.

"J'ose même pas imaginer ce que ça a pu être pour les bout d'chou qui étaient là ..."

Tu observes un jouet plein de boue, laissé là, que tu viens de ramasser, pensive. Non mais sérieusement, c'est un coup à avoir peur de l'eau à vie ces conneries !


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