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I guess that our being together Was never meant to be [Barth & Mehret]
Brume Muirhead
Jeu 23 Aoû - 10:31
Brume Muirhead
Citoyen Fosterhampton
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Ce matin-là, elle s'était levée avec l'énergie des personnes qui n'ont pas dormi, trop anxieuse et pleine d'appréhension pour la journée à venir, mais déterminées à affronter tous les évènements. Cette tension fébrile au creux de la poitrine, la tête légère, la sensation de frais des réveils d'été très matinaux avant la chaleur du jour, tout contribuait à alimenter ce picotement énervant et agréable qui fourmillait au creux de ses reins. Elle s'était couchée tôt, avait trouvé le sommeil, pourtant elle se sentait épuisée. La nuit avait été agitée, pas vraiment de cauchemars ni de mauvais rêves précis mais le tout dominé d'une sensation de malaise global. Pourtant, que pouvait-il mal se passer ?

Elle se reposait cette question en boucle tandis que de ses cheveux les boucles elle essayait d'amadouer à coups de brosse. Sa crinière était destinée à finir attachée, mais elle n'aurait pas voulu arriver avec l'air négligé pour autant. Elle se regarda dans la glace bien en face, soupira, attrapa un pinceau et le pot d'eye-liner, se regarda à nouveau, soupira puis les reposa. C'était une randonnée à moto, pas un dîner aux chandelles. Il n'y avait aucune raison de faire des chichis. Et puis il la complimentait sur sa tenue à chaque fois, alors à quoi bon s'acharner à vouloir faire bonne impression pour une sortie de détente ? Brume finit par attraper le tube de crème hydratante et s'en badigeonna le visage et le corps. Ce n'était pas grand chose, mais c'était toujours ça. Elle s'appuya les deux mains sur le bord du lavabo et se pencha en avant, le corps tendu comme si cette sensation horrible allait enfin sortir d'entre ses épaules ; elle ne ressentait aucun poids, pourtant elle avait au fond de la poitrine l'envie de s'effondrer et de fondre en larmes, là, sur le carrelage de la salle de bains, enroulée dans sa serviette de toilette. Cette année avait été éprouvante, elle s'y était attendue,mais elle avait connu pire,bien pire. Elle n'avait juste jamais eu la sensation d'être isolée et déçue. Tous les projets qu'elle avait mené à bout lui avait apporté une satisfaction malgré les frustrations accumulées, les coups de stress et la fatigue. Enseigner dans une école aussi prestigieuse aurait dû l'élever encore plus haut dans la sensation d'accomplissement pourtant elle avait le goût amer de l'inachevé dans la bouche à chaque fois qu'elle se prenait à y réfléchir. Elle avait mis le temps pour mettre le doigt dessus, mais elle avait fini par trouver.

Ses yeux verts retrouvèrent leur reflet dans le miroir, elle inspira profondément et se regarda sans sciller, passant une main assurée sous chacun de ses yeux pour en évacuer tout embuement qui aurait bien voulu s'y loger. Cette journée allait bien se passe, et elle prendrait les devants, pour une fois.

Trouver une tenue ne fut pas chose bien difficile. Il lui avait conseillé de mettre une veste en cuir ou en jean pour limiter les risques d'accidents et de mettre un pantalon épais, des bottines montantes. Elle avait tout préparé la veille au soir, il lui avait aussi dit de venir quand elle le voulait mais de ne pas se fixer d'heure non plus. Venir le plus tôt possible sans se forcer à se lever aux aurores. Il. Depuis quand était-il devenu ce sujet impersonnel, ce flou artistique, entité objet de désir et de frustration sans forme ni caractère certain ? Depuis quand n'était-il plus Barth, September Pirate, cet homme plein de charme et d'esprit qui avait réussi à lui dégoter un travail et un logement et promit en toile de fond qu'ils se verraient assez souvent pour qu'elle ne se sente pas seule ?
D'ailleurs, dans le fond, qu'avait-elle à lui reprocher ? A lui, rien. A elle-même, tout le reste. Barth avait toujours été un gentleman, soucieux de ne forcer personne dans cette histoire, toujours plein de sous-entendus et de perches tendues mais incapable d'ouvrir suffisamment la porte pour que Brume, incapable de voir suffisamment clair dans cet interstice visiblement trop subtil pour son esprit, puisse s'engoufrer dans une quelconque brèche. Elle ne voulait pas être le genre de pimbèche qui pensait que parce qu'il l'avait admirée sur scène c'était du tout cuit, pourtant elle se prenait parfois à se dire qu'elle aurait mieux fait. Par moment, le fait d'être un brin farouche est certes une vertu mais aussi une sacrée épine dans le pied. Ils ne s'étaient pas beaucoup vu au cours de cette année, il y avait eu tellement d'évènements incongrus et de projets à mener à bien des deux côtés ; ils avaient tout de même essayé de faire quelques petites choses, retombant immanquablement sur ces moments de malaise et d'hésitation infimes, qui n'aboutissaient à rien d'autre qu'un nouveau sujet de conversation, intéressant mais qui ne faisait rien avancer et chacun rentrait chez soi le sourire aux lèvres, en ayant passé une bonne soirée mais sans savoir ce que l'autre pensait en vérité et aurait pu attendre de plus de cette soirée. Brume ne l'aurait jamais avoué mais il y avait eu une ou deux fois sur les cinq qu'ils s'étaient vus où elle aurait bien eu envie de lui sauter dessus si elle n'avait pas été sûre que ses intentions eût été mal comprises et la suite de leur relation potentiellement biaisée. Les hommes se plaisent souvent à dire que pour les femmes, c'est toujours plus facile et qu'elles n'ont que l'embarras du choix, ils ne se rendaient pas compte à quel point ça n'avait rien d'évident : donner trop de signes ou accepter trop tôt de partager son lit pouvait avoir la plus mauvaise des significations et rapidement être mal compris même en des temps où les femmes pouvaient être soit-disant plus libérées. Comme si le fait de se donner facilement à un homme en particulier était le signe qu'on était prête à attendre n'importe qui. Elle voulait penser Barth différent à tout ça, mais elle ne pouvait se résoudre à admettre  la vérité sur le sujet : elle ne le connaissait pas si bien que ça sur ce plan.

Mais ce jour-là, tout allait changer. Elle allait essayer de lui faire comprendre ce dont elle avait envie, même si la réponse ne lui plaisait pas à entendre. Au mieux, il ressentait la même chose qu'elle, au pire elle aurait mis les choses au clair. Brume alla à la fenêtre de son salon et y jeta un coup d'oeil. Elle ne voyait pas forcément très bien de là où elle était mais il lui semblait distinguer du mouvement derrière le rideau de la salle de bains de Barth.
Car oui, ils étaient voisins. Elle perchée au dernier étage d'un petit immeuble, lui au premier étage d'un bâtiment plus neuf. Elle en aurait bien volontiers ri si elle ne trouvait pas la situation tragiquement ridicule. Ils habitaient à littéralement trois minutes l'un de l'autre, porte à porte, et ils n'avaient trouvé le moyen de ne se voir que cinq fois en une année et toujours en extérieur, alors que rien ne vaut le confort d'un canapé même un peu amorti et de bières fraîchement sorties du frigo. Dans ce malheur, il avait eu de la chance : il n'était pas tombé sur le genre de fille qui épierait ses moindres faits et gestes comme elle aurait pu le faire en passant des heures à la fenêtre de son salon. Non seulement elle avait bien d'autres choses à faire, elle ne s'était jamais prise au jeu de vérifier tout ce qu'il faisait à chaque fois qu'il lui disait faire quelque chose. Et puis en bon geek, il femrait souvent les volets pour mieux profiter de son écran, et de ce fait il avait plus de chance lui de capter l'image fugace d'un dessous de jupon dans l'appartement de la jeune femme qu'elle de le voir se balader dans l'appartement. De toute façon, c'était toujours quand le cadre timide et lointain de cette fenêtre croisait le coin de son regard qu'elle se rappelait qu'à présent, elle pouvait lui proposer de sortir quand il lui prenait l'envie de faire quelque chose. Les relations à distance n'avaient jamais été sa tasse de thé, mais au moins pour sa famille les réflexes de se voir étaient là bien avant la technologie et les kilomètres. Dans le cas de Barth, ils n'avaient jamais rien fait ensemble vraiment et certainement pas pris l'habitude de se voir. Alors avec en plus son emploi du temps très chargé et la peur constante de le déranger au cours d'un planning qu'elle imaginait bien rempli aussi...
Devant cette absurdité absolue d'une proximité géographique aussi évidente mais jamais exploitée, elle se prenait à se dire souvent qu'ils rejouaient une Chartreuse de Parme au rabais -c'était vous dire la qualité de l'intrigue-, elle Fabrice haut perché dans la tour de sa prison, lui Clélia bien confortablement installé sous les regards qui l'effarouchaient de ce dadais qui du haut de sa tour envoyait des mots d'amour auxquels elle répondait en chantant ; je vous aime, mais non il ne faut, mais si, mais non, mais si, voyons ! Sauf qu'aucun des deux ne chantait et aucun des deux ne prétendait à un amour impossible. Cette idylle, si tant fut qu'elle pût voir le jour jamais n'avait rien d'interdit, bien au contraire.

Elle mit ses chaussures, attrapa son petit sac à dos où elle avait déjà mis ses papiers, une bouteille d'eau et son téléphone, ferma sa porte derrière elle et sortit. Il faisait bon dehors, le soleil commençait à dorer toutes les façades -fichtre, ce qu'il était tôt!-, la journée s'annonçait vraiment belle. Elle ne savait pas encore où il l'amenait mais elle avait la certitude que ça serait une sortie agréable, quelque chose de vraiment chouette. Et puis ils allaient se voir toute une journée, c'était ce qu'ils s'étaient fixé, non ? Lui aussi semblait exprimer une légère frustration à l'idée de ne pas autant profiter qu'ils l'auraient dû de cette nouvelle condition géographique.
Ce fut le sourire aux lèvres qu'elle arriva devant sa porte d'entrée, le cœur léger. Il lui avait donné son digicode, elle n'avait pas eu besoin de sonner pour grimper au premier étage. Au cas où je sois sous la douche, que tu n'attendes pas devant la porte de l'immeuble. Son doigt alla trouver le bouton de sonnette. La porte s'ouvrit. Son visage se décomposa.

« Oh... Je... Excusez-moi... »

La rouquine jeta un coup d'oeil sur le nom inscrit sur la sonnette. Richardson. Elle ne s'était pas trompée et elle n'avait pas besoin d'analyser plus le tableau qui s'offrait à elle sur fond sonore de salle de bains occupée, pour comprendre à quel point elle s'était trompée. Elle avait le choix de faire comme si cette situation ne l'affectait pas, de se présenter et de dire qu'elle avait une randonnée de prévu avec Barth, peut-être que cette femme était aussi au courant après tout. Elle avait aussi le choix de partir. Choix beaucoup plus facile en apparence, mais qui n'était pas sans conséquence. Si elle avait eu la fierté de sa mère, elle aurait sans doute eu le courage de garder le silence et de faire comme si de rien n'était, au risque de définitivement griller la situation si tout ceci n'était rien. Mais elle tenait plus de son père pour ce genre de choses. Elle recomposa le même visage qu'elle avait juste avant d'arriver, et habilla sa voix le plus chaleureusement possible :

« Excusez-moi, j'ai dû faire une erreur. Mon ami a dû se tromper en me donnant le numéro de l'appartement. Je n'ai pas vérifié le nom avant de sonner. Je vous souhaite une très bonne journée, Madame. »

Brume s'éloigna de la porte, se forçant à tenir cette attitude désinvolte, comme si elle s'était effectivement trompée de porte, redescendant les marches de l'escalier presque en sautillant, se sentant en vérité tellement fébrile qu'elle avait peur de manquer une marche et de tomber, écrivant un message sans trop savoir pourquoi à son ami :  Je ne me sens pas très bien aujourd'hui, je pense que je vais rester chez moi. Bonne journée. Bises. 
Brume Muirhead
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Bartholomew II Richardson
Lun 17 Sep - 23:14
Bartholomew II Richardson
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I will not give you up this time
Il y a des jours, il y a des vies. Des vies qui basculent en un instant, des vies qui prennent leur temps.

Et puis, il y a des hommes, et il y a des femmes. Et en règle générale, ça ne fonctionne jamais du premier coup.

Lorsque September Pirates avait rencontré la douce Brume sur le net, il n’avait jamais cherché à lui mentir, à se dissimuler, à se cacher. Il avait toujours été lui-même, pour la simple et bonne raison qu’il ne cherchait jamais à faire croire qu’il était quelqu’un d’autre. Il n’y voyait aucun intérêt.

Alors, il avait toujours été très honnête avec Brume. Il avait sincèrement cru tout ce qu’il avait dit. Et ça, même lorsqu’il était devenu Bartholomew et qu’il lui avait proposé de venir s’installer à Fosterhampton. Il avait été sincère du début à la fin ; il lui trouverait un travail, un logement et en plus, elle aurait un ami. Elle ne serait pas seule.

C’était sans compter la vie.

Bartholomew II Richardson était le maire de cette bonne petite ville de Fosterhampton. Et en soi, il ne se faisait pas tant de souci que ça lorsqu’il avait gagné les élections, parce que la ville était neuve, elle était calme. Pourtant, ci et là, des problèmes avaient surgis toute l’année.

L’incendie du Palais de Blenheim, pour lequel il pressentait que quelque chose n’était pas normal.
Les petites frappes Londoniennes qui s’installaient par ici, ils avaient arrêté plusieurs dealeurs qui avait prit le parti de venir fournir les « gosses de riches ».
Et pour finaliser tout ça, l’inondation. Il avait eu de la chance de s’en sortir presque intact, ça n’avait pas été le cas de Sony McLusky par exemple. Là encore, il était très surpris et dubitatif : les digues avaient été installée juste avant son mandat, et elles avaient été vérifiée au début de l’année civile.

Le résultat, c’est qu’il n’avait pas eu le temps de voir Brume. A son plus grand malheur. Même leurs échanges virtuels s’étaient étiolés. Et la rousse lui manquait, il ne pouvait pas le nier.
Et même dans les rares moments d’accalmie, Barth n’avait pensé à proposer à Brume de se joindre à lui pour regarder un film ou même lézarder devant la télévision.

Mais, il lui arrivait aussi de décompresser. Et s’il était frileux à l’idée de s’engager dans une relation sur le long terme – ça ne lui avait pas tellement réussi les deux dernières fois – il ne refusait cependant pas de se laisser aller dans les bras d’un homme ou d’une femme si l’envie lui prenait. Et c’est exactement le genre de relation qu’il avait avec Mehret.

Mehret, il l’avait rencontrée quelques années plus tôt, bien avant que Brume ne pose un pied à Fosterhampton. Fier de sa moto, le jour ou elle avait commencé à pester, il avait cherché un bon garagiste. Et il était tombé sur elle. A force de lui confier sa bécane, ils avaient fini par sympathiser et même par aller boire un verre. Bartholomew l’avait invitée dans un bar et ils avaient beaucoup bu, beaucoup parler. Au bout du compte, ils avaient fini au lit, tous les deux conscients qu’il ne s’agissait pas d’amour. Juste d’une attirance, d’une envie ponctuelle. Même s’ils avaient remis ça quelques fois, selon l’envie de l’un ou de l’autre, voir même des deux. Mais avant tout, Mehret était une amie avec laquelle il pouvait parler de tout et rien. Et des choses importantes aussi, de l’incendie, de l’inondation, de Brume, des problèmes de la ville.

Et puis, il avait décidé de reprendre les choses en main. Il vivait à littéralement dix minutes à pieds de la fille avec laquelle il avait envie de passer du temps plus que tout, et il n’était pas foutu de la voir. Alors, il avait proposé un rendez-vous. Une balade à moto dans les landes anglaises, le vent dans les cheveux, à ne s’arrêter que pour observer la beauté du paysage. Peut-être finiraient-ils dans un bar à Oxford ou dans une boîte de nuit de Londres. Mais pour le moment, il était fébrile. Et puis Mehret était passée à l’improviste la veille au soir. Là encore, ils avaient beaucoup bu. Lui, pour oublier la tension qui s’installait dans son dos à l’idée de passer une journée entière avec Brume. Finalement, ils avaient passés la nuit ensemble. Mehret s’était réveillée la première et avait pris une douche, et fait du café. Barth l’avait suivi, essayant d’être rapide. Brume n’allait pas tarder et il refusait de se retrouver dans une scène de comédie romantique au rabais ou le Love Interess se retrouve dans une situation compromettante.

Et puis, la sonnette. Il avait enfilé un pantalon en jean noir suffisamment épais et c’était tout. Mehret était encore là. Il savait qu’elle ouvrirait. Il entendit la porte. La voix de Brume. Celle de son amie. Et la porte se refermer.

Et merde.

Ni une ni deux, il quitta la chambre, attrapa ses clés et se mis à poursuivre la jeune femme. Il senti bien son téléphone vibrer dans sa poche mais il refusa de le regarder. Il jeta un regard à droite, un regard à gauche avant de s’engouffrer dans la cage d’escalier pour essayer de la rattraper au mieux.

Ce qu’il fini par faire dans le hall de l’immeuble, posant ses doigts sur le poignet gracile de la danseuse pour l’arrêter.

« Brume… »

Torse nu, les cheveux mouillés perlant sur son torse et sans chaussures, Bartholomew ressemblait bien à un homme surpris en plein adultère qui cherchait à se faire pardonner.
Mais dans le fond, il était innocent. Un peu idiot aussi. Mais innocent.

« Je suis désolé. »

Sans savoir vraiment pourquoi il s’excuse, il sent bien que c’est la seule chose à faire. Il n’a pas envie qu’elle s’en aille, il n’a pas envie d’avorter cette journée, il n’a pas envie que tout explose. Parce qu’il tient beaucoup à Brume. Et qu’il ne sait même pas pourquoi il s’excuse auprès d’une amie d’avoir une aventure. Parce que dans le fond, Bartholomew ne sait pas.  Il ne sait pas qu’il a envie de plus avec elle.

« Tu veux bien attendre un peu que j’enfile quelque chose de plus… approprier pour la moto ? Et on ira prendre un petit déjeuner… »

Se faire pardonner, et chasser de son visage cet expression qu’il refuse d’y voir.
Codée par Kendall, toute copie partielle ou compléte prohibée.
Bartholomew II Richardson
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Brume Muirhead
Lun 12 Nov - 21:24
Brume Muirhead
Citoyen Fosterhampton
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Elle allait mettre la main sur la poignée, mettre fin à cette journée et ce cauchemar éveillé pour entrer dans une nouvelle journée dont elle ne savait pas encore quoi faire mais ce serait toujours mieux que jouer les hypocrites alors qu'elle n'avait qu'une envie, s'enfuir au plus vite. Elle allait mettre la main sur la poignée de la porte d'entrée du hall quand elle sentit une grande main sur son poignet et son prénom murmuré dans son dos.

Et merde.

Les yeux embués de larmes et l'expression fermée d'une personne prête à écouter mais à ne pas entendre, elle se tourna vers lui. Je suis désolé.

« Désolé de quoi ? »

Elle se surprit elle-même à la fois pour sa rapidité de réponse et son ton sec. Elle qui était toujours dans la modération, comme sa mère le lui avait appris, venait de se découvrir à presque trente ans une capacité d'auto-défense un brin agressive et il fallait que ce soit lui qui en fasse les frais. En même temps, elle ne s'était jamais sentie cherchée aussi loin dans ses retranchements, jusque là tout avait été beaucoup plus facile dans sa vie. Les relations se limitaient à deux catégories : les gens qu'elle aimait bien et qui l'aimaient bien aussi, et les autres à qui elle se contentait de dire bonjour. C'était bien la première fois qu'elle se retrouvait bloquée dans un mauvais scénario de telenovelas. Comme s'il pouvait y en avoir des bonnes. D'ailleurs, si elle avait vraiment été une héroïne de telenovelas -il fallait quand même dire que la scène était parfaite, il ne manquait plus que le ton exagéré et une lumière trop forte- elle se serait jetée contre son torse nu et aurait trempé son t-shirt à cause de ses cheveux mouillés, pleurnichant sur le fait qu'il l'avait profondément blessée. La vérité était bien moins jolie, et c'était sans doute pour ça qu'elle n'apparaissait pas dans la plupart des productions que l'on passe à la télé. Ce ne serait pas assez beau et on ne pourrait pas pardonner les personnages, on n'aurait peut-être même pas envie de voir la suite. La vérité, c'était qu'il la dégoûtait. Il se serait présenté à elle déjà prêt et sûr de lui, ce serait excusé de ne pas l'avoir prévenue pour sa copine mais lui aurait dit qu'il voulait vraiment faire cette sortie à moto, elle lui aurait pardonné instantanément. Parce qu'il n'aurait lui-même rien eu à se reprocher, alors que là, il avait une belle tête de coupable, de ceux qui ont tenté de jouer double jeu pendant des mois et qui se font finalement gauler, hésitant entre se terrer dans le silence éternel et la peur que quelqu'un sur terre ne les déteste et ne puisse ternir leur image déjà peu reluisante dans leur manque de confiance en eux. Elle se fit la réflexion qu'il avait de la chance de ne pas lire dans ses pensées, car de cette sévérité-là, elle n'en usait d'ordinaire que sur les pas de danse que ses élèves devaient apprendre, rarement voire jamais sur des personnes et leurs traits de caractère profonds. Il l'avait décidément blessée bien plus qu'elle ne se sentait capable de le montrer.

Brume tentait de conserver une attitude froide mais la tournure de sa phrase lui fit hausser un sourcil avec accompagnement d'une expression qui voulait clairement demander s'il se moquait d'elle. Tu veux bien attendre ? Tu veux bien attendre ? Seriously ? Quand elle commençait à sentir remonter le long de sa gorge les expressions outragées de sa mère, il était vraiment temps de déguerpir ou de soupeser ses mots comme lorsqu'on a fait une bêtise dans la cour de l'école et que l'on doit s'expliquer devant la directrice qui est une vieille fille notoire en jupe en laine à carreaux et vieux chignon gris. Sans se départir de son ton sec, les bras croisés, elle acquiesça légèrement d'un signe de tête.

« Je t'attends dehors le temps que tu... passes une tenue plus décente. Tu devrais aussi penser à te sécher les cheveux, ce serait bête que tu attrapes froid pour une histoire de cinq minutes. »

Et elle désigna d'un signe de menton l'eau qui dégoulinait sur son torse nu. Dieu que ça la dégoûtait. Elle pouvait presque retracer à la minute près le moment où il avait fini de s'envoyer en l'air. Dans un sens, elle se détestait d'être aussi revêche que ne pouvait l'être sa mère en pareilles circonstances, mais les chiens ne font pas des chats, et une Muirhead blessée ne lâche pas l'affaire tant que l'autre n'a pas rampé ventre à terre. Encore que... C'était toujours son père qui rampait ventre à terre pour se faire pardonner quand sa mère, avec une morgue de reine, comptait lui faire payer quelque chose. Donc non, pas vraiment une Muirhead, mais quand même un peu. Fi des détails !

Sans plus de cérémonie et pour illustrer son geste, elle ouvrit la porte sans se soucier de ce qu'il pourrait dire et elle s'arrêta devant un bac de fleurs en dur construit devant l'immeuble sur le rebord duquel elle posa son sac à dos pour retirer sa veste et s'y asseoir sans lui jeter un nouveau regard. Il voulait aller prendre un petit déjeuner ? Elle avait failli lui lancer qu'elle pouvait tout aussi bien l'attendre chez elle ou qu'ils pouvaient le prendre chez lui s'il n'y avait rien à se faire pardonner, mais la réponse était dans la proposition. Il se sentait coupable d'une indélicatesse qui n'avait rien de grave, et c'était bien cette indélicatesse qu'elle lui reprochait plus que la situation grotesque qui en tant qu'adulte avertie ne lui faisait au final ni chaud ni froid. C'étaient les non-dits qui la rendaient dingue et qu'elle comptait bien lui faire payer. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle avait accepté son invitation à petit-déjeuner. Elle ne comptait pas dépasser ce laps de temps avec lui, bien déterminée à mettre les choses au clair, à payer sa part et à repartir une fois la discussion finie pour rentrer chez elle, quelle que soit la distance à parcourir et le moyen par lequel elle devrait rentrer.

Se sentant ridicule et mal dégrossie comme une adolescente prise en faute, elle prit une posture digne pour se redonner de l'assurance et s'essuya les yeux comme s'il s'agissait d'une simple allergie, essayant de masquer son mécontentement et son agacement. Son agacement ? Sa colère, à la vérité. Est-ce qu'il la croyait vraiment bête à ce point ? Ou est-ce qu'il comptait la garder sous son emprise encore longtemps ? Il l'avait prise pour une petite fille qu'il fallait protéger sous peine de la blesser ? Pour être honnête, elle ne savait pas si elle était plus en colère contre lui ou contre elle-même. S'il n'avait pas fait plus d'effort pour la voir dans un emploi du temps bien rempli, c'était peut-être aussi parce qu'il y avait cette femme dans sa vie et qu'il avait besoin de temps à lui consacrer, elle aurait dû y penser plus tôt. Elle se détestait d'avoir pensé que ses chances étaient évidentes autant qu'elle le détestait de ne pas lui avoir dit que ce n'était pas la peine d'espérer. Elle aurait dû se douter qu'un homme tel que lui n'était pas en manque de prétendants et que s'il n'avait que l'embarrs du choix, il se serait peut-être rabattu sur un choix plus raisonnable qu'une danseuse de cabaret dont toute la ville aurait pu voir les cuisses sur youtube dans la bande d'annonce de son spectacle. Quand on est homme politique, il faut savoir faire des choix. Pour la première fois de sa vie, ce fut elle qui regretta le sien car elle se rendit compte que sa vie de danseuse et surtout le type de danses qu'elle pratiquait pouvaient être un obstacle conséquent et lui fermer bon nombre de portes. Sans qu'elle ne s'en rende compte, elle glissait de plus en plus vers une culpabilité qui la prenait à la gorge, et les larmes remontaient. Est-ce que ça serait ça, sa vie ? Être condamnée à devoir attendre de trouver un type normal dans tous ceux qui seraient attirés par elle avant tout parce qu'ils confondraient l'artiste avec la personne ? Elle qui avait toujours été si forte et avait toujours assumé ses choix se sentait plus fragile et plus démunie que jamais.

Tandis qu'elle attendait qu'il revienne, le visage plongé dans les mains, elle essayait de garder son calme. Les grandes scènes et les pleures infinies n'étaient pas vraiment sa tasse de thé. Quand elle entendit la porte de l'entrée, elle s'essuya le visage du revers de la main et se redressa, préférant rester assise pour le moment. Finalement, elle releva ses yeux verts sur le visage de Bartholomew et se surprit à avoir un ton très posé :

« ça ne te dérange pas si on va dans un endroit calme ? Je crois que j'ai vraiment besoin de parler. »
Brume Muirhead
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