—Sa majesté le prince héritier, Connor de Péval !

Les trompettes retentirent, faisant s’envoler les oiseaux nichés sur le rebord des fenêtres de la salle du trône. Les courtisans cessèrent leurs discussions, les visages se tournèrent vers les portes s’ouvrant lentement. Cassie en leva les yeux au ciel. Ok, c’était la présentation de son futur fiancé, mais ce dernier avait-il besoin de faire tant de manière ? Et vas-y que j’me pavane, le menton bien droit, dans mes atours impeccables qui brillaient de mille feux sous les cristaux des lustres. Bon, elle devait bien reconnaitre qu’il avait du goût. Une fois qu’elle eut suffisamment maté ses fringues, elle s’intéressa plus au physique : des cheveux blonds qui avaient l’air aussi doux que la soie, sans le moindre épi, des yeux marron tous ce qu’il y avait de plus banal, et un air buté. Il avait l’air ravi d’être ici. (C’est ironique.) Sentant son regard se poser sur elle, elle se redressa fièrement sur son siège. Officiellement, il était venu seul. Cela voulait dire, sans papa ou maman derrière lui pour surveiller ses faits ou gestes. Mais cela ne voulait pas dire sans courtisans. Car derrière lui s’étalait une foule de compagnons, destinés à impressionner la cour de Blenheim : en premier venaient les compagnons d’arme, graves et sérieux. Vêtus d’une armure légère faite pour le voyage, la main sur l’épée, ils étaient prêts à protéger leur prince au moindre faux-pas. Derrière venaient les serviteurs chargés de cadeaux, de coffre remplis de bijoux et de nourriture, puis ensuite les danseuses, les animaux domestiques (quelques tigres et panthères, c’est tout), tenus en laisse par de solides guerriers, et enfin quelques mages, reconnaissables à leurs robes atypiques et leurs bâtons de magie. Le royaume de Péval était puissant, et cherchait à le rappeler, bien qu’ils soient en mission diplomatique. Le prince se stoppa un instant, ménageant son effet avant de venir s’agenouiller aux pieds des grands escaliers de marbre rose. Si Cassie avait cru un jour qu’un représentant de Péval s’inclinerait devant elle… Surtout le prince héritier. Elle en retint un gloussement amusé. C’aurait été mal vu. Sur le grand trône rouge et doré, son père, le roi Benjamin, leva la main pour stopper la musique. Dans le silence qui envahit la grande salle, sa voix, claire et forte, pouvait être entendue de tous.

—Au nom du royaume de Blenheim, nous sommes heureux d’accueillir en ce jour béni, le prince héritier de Péval. Soyez les bienvenus, et que ce futur mariage scelle l’union entre nos deux peuples !

Tous pouvaient désormais sceller les mots du roi : l’alliance entre les deux royaumes autrefois dans une guerre incessante, était lancée.