Parfois tu n’as qu’une seule envie c’est de pouvoir souffler, d’être enfin libre de toutes responsabilités. Pourtant tu es quelqu’un d’investit et de passionné qui vient encore tout récemment de s’engager dans la nouvelle élection de régents. Comme si tu n’avais pas assez de travail jusqu’ici, il a fallu que tu t’en surcharge à nouveau. Néanmoins, te donner autant dans tes projets te permettait d’oublier ta dernière rupture dont tu avais tant de mal à faire effacer de ta mémoire. D’un autre côté, c’est un peu de ta faute. Pourquoi fallait-il que tu sois quelqu’un de romantique ? Sois un peu plus moderne, fais comme tout le monde et tu sauras passer à autre chose plus facilement. Au lieu de ça, toi, niais à souhait, tu pensais déjà avoir trouvé ta partenaire idéale et maintenant qu’elle n’est plus là, tu as un gouffre à combler. Sauf que voilà, tu étais finalement confronté à une journée de repos. Aucun cours, aucune démarche à faire… même ton prochain avion ne t’attendait avant le lendemain. Alors tu n’avais pas le choix, pas question que tu te laisses t'apitoyer sur ton sort pendant toute la journée. Rien ne sert de broyer du noir à te poser des questions existentielles. De toute manière, ce n’est pas comme si tu allais recevoir des réponses. A moins d’un miracle et encore… Pas sûr que dieu ait quelque chose à faire de tes histoires de coeur. Quoi qu’il en soit, c’est d’un pas décidé que tu te levas de ton bureau et pris la direction de la bibliothèque du Palais. Un bon livre, c’est ça qu’il te fallait ! De quoi t’immerger dans un autre monde, sans songer à celui où tu te trouvais réellement. En chemin, tu te trainas un peu. Déjà parce que tes jambes étaient engourdies, force de rester scotcher assis sur une chaise ou dans le cas contraire à courir aux quatre coins du monde. Ensuite, parce que ton envie de lire s’estompait pas à pas. Qu’allais-tu lire ? Et si cela te faisais te remettre en cause, plutôt que de te libérer de tes fantômes ? Non finalement, il te fallait autre chose. Marche arrière dans les couloirs direction l’inconnu ! C’est alors que tu reçus un sms. Pas très discret, car tu avais totalement oublié de le mettre en silencieux et que tu t’étais amusé à mettre une musique ridicule d’une de tes séries préférées. Heureusement, personne ne sembla y prêter attention. Qui pouvait bien te contacter ? Tu n’avais pourtant rien de prévu pour aujourd’hui… Tu sortis ton téléphone de ta poche pour constater qui en était l’expéditeur. Louve… Tiens que te voulait-elle ? Tu aurais bien prit la peine d’y songer un peu si on ne t’avait pas attraper dans ton dos.
Tu n’y arrives pas, tu n’y arrives pas, tu n’y arrives pas. C’est plat. C’est creux. Sans âme. Déclamé. Récité. Et le grognement de ton désarrois se perd dans le claquement sec du script contre ton bureau.
Quelques semaine à peine depuis la reprise des cours. Une poignée de jours depuis les débuts du club d’art cette années. Si peu d’heures écoulées avant que ce textes n’arrive entre tes mains et tu es déjà coincée, frustrée, agacée par ta propre incapacité à l’ingérer. Tu n’as même pas encore besoin de le connaître par coeur, tu as largement droit à l’erreur, mais ce n’est pas le problème, non. Le soucis c’est que tu n’arriveras visiblement pas à te mettre dans la peau du personnage que tu vises. Pas seule en tout cas. Un regard dépité à ta chambre désespérément vide. Tu as besoin de quelqu’un pour te donner la réplique. Tes doigts viennent mécaniquement trouver ton atebas et tu joues avec la plume. Oui. Il va falloir que tu lèves ton arrière train de ce siège et que tu ailles chercher de l’aide ailleurs. Et ta victime toute désignée porte le prénom imprononçable de Stijn. Ca ne sera pas la première fois qu’il te verra débarquer pour lui coller une pièce de théâtre dans les mains et lui réclamer de l’aide de ta voix suppliante de petite soeur agaçante -elle n’a jamais fonctionnée sur Lana, il faut bien qu’elle serve un jour. Ca ne sera sûrement pas la dernière non plus.
Pas là. C’est la conclusion à laquelle tu arrives lorsque tes coups à la porte de sa chambre restent sans réponse. … Tu ne sais même pas ce que tu espérais, c’est à croire qu’il lui est impossible de rester en place. Il te faut 30 minutes, approximativement 252481 lieux de l’établissement visités et un soupir de frustration intense avant de réaliser que tu disposes d’un outil fabuleux de technologie moderne pour trouver le jeune homme. Douée Louve. Douée.
— SOS theater. Need ur help plz. WRU ? —
Et tandis que tu appuies sur le bouton pour envoyer, l’écho de ta stupidité se fait entendre. Ou comme d’autres pourraient l’appeler : la sonnerie de téléphone de Sti’. … Au moins tu as la réponse à ta question ! Tu accélères tes pas dans la direction du son et finit par apercevoir le Galilé que tu rejoins avant de poser une main sur son épaule.
▬ Quoi encore ?
Accueil chaleureux : check. Tu aurais bien fait demi tour par peur de gêner, mais tu as besoin d’un coup de main. De toute manière s’il n’est vraiment pas d’humeur, tu es certaine qu’il n’hésitera pas à t’envoyer voir ailleurs.
▬ Désolée, je te dérange ? Pardon. J’ai besoin d’un coup de main. J’ai un script de théâtre, j’ai vraiment, vraiment, vraiment, vraiment, vraimeeent envie d’un rôle en particulier mais y a pas. moyen. que j’arrive à rentrer dans le texte assez pour le jouer correctement. J’ai besoin de quelqu’un pour me donner la réplique pour que je puisse me concentrer sur le personnage en question. T’as le temps ? Tu peux m’aider ? S’il te plait ?
Trop de mots. Trop de question. Trop d’excuses. Trop de trop. Et tes yeux de chat potté n’aident pas à diminuer l’excès. Tant pis.
Parce qu’il s’agit de l’ordre naturel des choses, tu te retournas en direction de ton interlocuteur et dans ce cas précis, il s’agissait d’une interlocutrice. Ainsi, tu eu l’honneur de faire face au visage de Louve, se décomposant face à ton attitude maussade. Parait-il, qu’accueillir quelqu’un en maugréant n’est pas particulièrement une bonne idée. Où étaient donc passées tes bonnes manières ?
Pas ta faute… Faut dire que récemment, tu accumulais les tâches et qu’à terme, le débit de questions et de responsabilités qui se reposait sur toi, eurent enfin raison de ta bonne humeur que tu maintenais en façade. Là où ça te gênait, c’est qu’il fut que ce soit sur cette demoiselle là. Ca aurait pu être n’importe qui d’autre, ça ne t’aurait pas spécialement découragé dans ton envie de pester.
Un effort… Après tout, l’amitié se devait bien d’être garantie d’avantages non ? Tu soufflais à nouveau, cette fois-ci non pas pour montrer ton désengagement, mais pour renouveler ton masque. Arborant un nouveau sourire, tu écoutais ce qu’elle avait à te demander de si urgent. De l’aide, toi aussi tu en avais besoin, mais de loin te passait l’envie de faire preuve de faiblesses face à quiconque. Néanmoins, ce n’est pas de toi qu’il s’agissait, alors il fallait faire preuve d’écoute et voir en quoi tu pouvais bien être utile.
Du théâtre hein… C’est vrai qu’il y avait ça. Un jour dans ta vie, tu as dû montrer que tu avais certaines capacités à être authentique lorsque tu t’amusais à interpréter des personnages. Depuis… Tu étais le serviteur de mademoiselle. C’était toi qu’elle venait harceler pour l’aider à s’entrainer. Il aurait pourtant été plus logique qu’elle s’exerce avec quelqu’un de son calibre plutôt qu’avec toi. Et non… Le fait que l’on t’ai conseillé de te mettre au théâtre n’a aucun poids dans la balance, parce qu’entre ton niveau d’amateur et le sien, il y a tout de même un fossé énorme.
« - Vu que tu as vraimeeeent besoin de moi, ai-je vraimeeent le choix ? » dis-tu en riant de cette illusion de choix.
Tu posas ta main sur sa tête, t’amusas à lui ébouriffer les cheveux signe de vengeance et de compromis face à ce que tu t’apprêtais à faire pour elle. Après tout, toi aussi tu avais le droit à ta récompense et la narguer suffirait à alléger ta peine.
« - Bon. Je te suis, mais j’ai quelques conditions. Pas plus de 2 heures aujourd’hui, car j’ai besoin d’évacuer le stress de ma semaine à travers un restaurant de choix et secondo, je veux des billets pour avoir accès à ta représentation le jour J. »
En toute honnêteté, tu aurais largement pu en demander davantage sans qu’elle n’ait la possibilité de refuser. Néanmoins, ton but n’étant pas de profiter de la situation, tu ne cherchas pas à en tirer des bénéfices et tu te contentas du minimum syndical. C’est à dire; à ce que ça ne dure pas trop longtemps et à ce que tu puisses contempler les fruits de ton dur labeur. Parce qu’après tout, la réussite de la prestation fera aussi partie de ton oeuvre à toi.
Un soupir, un sourire et Stijn semble de nouveau disposé à t’écouter. Tu fronces vaguement les sourcils, l’impressions de déranger persistant quelque part dans ta tête. Vite remplacé par un grognement alors qu’une main vient mettre le bazar dans tes mèches brunes, le rire du jeune homme raisonnant dans le couloir. Une moue prend place sur ton visage et tu chasses la main de ton ami avant de remettre de l’ordre sur ton crâne.
« Evidemment que tu as le choix ! … Même s’il est évident que je préfère que tu acceptes »
Un sourire, léger et tu écoutes les revendications de monsieur en échange de son aide. Rien de bien cher payé pour deux heures de temps utilisé à ton seul profit. Après tout, le théâtre est ta spécialité, pas la tienne, et même si Stijn fait parti de ces individus à être capable de mettre un minimum d’investissement dans les personnages à jouer pour te donner la réplique, il n’a pas grand chose à gagner dans cette histoire. Alors tu hoches la tête, hausse un peu les épaules et l’embarque à ta suite vers les salles de répétitions, ta voix joyeuse rebondissant sur les murs pendant le court trajet.
▬ Parce que tu ne comptais pas venir voir si tu ne m’aidais pas ? Je t’offre les places si tu promet de ne pas faire de grand signes embarrassants dans le public comme les parents aux spectacles de fin d’année.
Un nouveau rire, il ne te faut pas grand chose pour te retrouver à ton aise, une fois entourée de personnes de confiance, pas vrai ?
▬ Et 2h ça sera très bien. Si je n’arrives pas à me débrouiller avec ça, c’est que je n’ai plus qu’à faire une croix sur le personnage parce que je n’arriverais juste pas à le jouer. Ca m’évitera de faire de l’acharnement thérapeutique.
Tu es sincère, quel intérêt y a-t-il à massacrer un personnage indéfiniment ? Oui, ce rôle te fais de l’oeil depuis que tu as eu le script entre les mains, mais si tu n’arrives pas à capturer son essence, que tu n’es pas capable de le jouer, passer plus de ces deux heures à essayer est une simple perte de temps. Le monde du théâtre est vaste, ce script est intéressant en globalité, il y a d’autres personnages dont tu satisferas au besoin. Mais il est hors de question que tu abandonnes sans essayer.
Le script fait alors irruption sous le regard de ton ami, tes yeux seuls dépassant derrière la liasse de feuilles reliées.
▬ Le rôle que je vise est surligné. Ton rôle cher assistant est de me donner la réplique. Comme je suis magnanime et que mon but est de réussir et non de te torturer, on va se contenter des scènes où tu n’auras à jouer qu’un ou deux personnages à la fois, hein.
Un nouveau sourire alors que tu attends qu’il attrape le texte pour pouvoir y jeter un oeil, plantée sur tes deux pieds, une main sur ta hanche.
Tu es dans ton élément ici, petite Louve, et n’importe qui pourrait le ressentir
Tu attends patiemment, l’écoutant répondre à chacune de tes exigences. Tu n’avais rien de formulé d’extrême, mais tu savais à l’avance qu’elle allait te faire un monologue t’expliquant pourquoi elle acceptait tes conditions plutôt que de te répondre un simple oui. A tout cela, il te fallait rusé et lui sortir un de tes plus beau faux sourire sans quoi elle te pincera surement jusqu’à ce que tu en fasses réellement un. D’ailleurs ce n’est que lorsque tu entendis “un ou DEUX personnages A LA FOIS” que tu le perdis.
« - C-Comment ça ? » Lui dis-tu d’un air déconcerté avant de rajouter « - Tu me prends vraiment pour un robot ? Non parce que tu me le dis. Je peux encore te répondre sur le même timbre de voix. »
Deux personnages à la fois hein… Ce n’était rien d’exceptionnel en soit, mais te lâcher le bébé comme ça et te demander de les maîtriser aussi facilement pour la mettre dans de bonnes conditions…
« - Moi robot parleur… » Avais-tu lâché alors que cette vieille blague aurait dû rester dans ta tête.
Tu n’étais pas du genre à faire les choses à moitié. Même si tu n’as qu’un dixième du talent de Louve et que le théâtre est loin d’être une passion pour toi, il t’était impossible de concevoir le simple fait de lui répondre de manière platonique. Tu y mettras de ton âme que ça te coûte de te torturer l’esprit pendant deux bonnes heures. D’autant plus que si elle venait à abandonner ce rôle. Tu seras en grande partie la cause de cet échec. Ce ne serait donc plus son échec, mais le vôtre.
« - Minute papillon. Tu t’emballes là. C’est très bien de te pointer avec ton script là, mais si tu veux gagner du temps et du réalisme, comme déjà par me résumer un peu le caractère et la situation de chaque personnage, y compris ceux que je ne jouerai pas. Avec ça, je devrais déjà cerner un peu la pièce et on gagnera du temps. Pas besoin d’être très précise, fais moi juste une bref description, le reste je le comprendrais en lisant répétant et en lisant le scénar. »
Toi qui a toujours trouvé le théâtre ennuyant, pendant deux heures, tu allais morfler. Quand à ta promesse de venir voir la pièce. Evidemment que tu allais la tenir. Ceci dit, non pas pour les raisons les plus évidentes, celles de soutenir une amie, non, une soeur.
« - Ah et bien sûr que non je ne serai pas venu te voir sinon. Néanmoins, maintenant je vais pouvoir râler des autres comédiens s’ils sont à côté de la plaque »
A cette réplique tu fis un grand sourire. Parce qu’à la fois, tu avais réussi à la tacler, comme quoi tu n’étais pas là pour elle, mais qu’en plus tu te permettrais d’être chiant et de juger tout ce que tu allais voir. Ceci dit, seule une partie de tout ça était vrai, à elle maintenant de trancher, bien que cela ne soit pas difficile à reconnaître. Au pire, elle allait te mordre, au mieux, elle te tirerai la langue.
Tu vois le sourire de Sti’ flétrir quand tu lui indique qu’il n’aura qu’à jouer un ou deux personnages par scène et pendant un quart de seconde, tu es réellement prise au dépourvu par la surprise qui se laisse entendre sans sa voix. Tu roules des yeux quand il imite le robot - décidant que cette blague ne mérite même pas que tu la relève et hausse un peu les épaules , attendant qu’il ait fini ses nouvelles protestations pour reprendre la parole - Pas la peine de l’interrompre tant que monsieur n’a pas fini la liste de ses doléances Et puis après tout, c’est toi qui viens demander de l’aide, là, tu n’es pas vraiment bien placée pour protester contre ses demandes.
Tu secoues la tête sur sa réflexion sur les autres comédiens, souriant légèrement en même temps.
▬ On verra ça quand j’aurais obtenu ce rôle. Si tu arrives à être assez efficace pour m’y aider monsieur le robot.
Et puis, repassant aux choses sérieuses, tu te place à ses côtés pointant l’un après l’autre le nom des personnages qu’il aura à interpréter dans les scènes que tu souhaites répéter, commentant sur leur histoire, leur caractère, ton interprétation, allant même jusqu’à déclamer certaine phrases de chacun, pour donner une idée de ce que tu vois pour eux.
▬ Bien sûr ce n’est que ma propre interprétation et je ne vais pas te l’imposer, mais si tu cherches sur quoi te caler …
Parfois, un modèle est plus simple pour jouer un personnage. Tu déteste imiter le jeu d’acteur d’un autre quand tu reprends un personnage, mais c’est un exercice intéressant et surtout, ça évite de devoir trop se prendre la tête quand on ne compte pas jouer le dit personnage sur scène.
Et puis tu passes au reste des personnages existants, ta description se faisant plus superficielle, moins précise, lui donnant juste le strict nécessaire pour qu’il ait les clés de la pièce en général. Quand enfin vient le tour de ton propre personnage, tu penches la tête une seconde avant de décider d’opter pour le même mode de description.
▬ Pour le reste, tu verras bien quand je la jouerais de toute manière !
Tu souris légèrement et retourne te mettre face à lui.
▬ Ca te va comme ça ? Je te laisse le temps de feuilleter le script ?
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