Lorsqu'elle a vu cette note sur le panneau d'affichage, Sidney a su. Automatiquement. Cette écriture, elle la reconnaîtrait entre mille, assurément. Aussitôt, un petit sourire avait ourlé ses lèvres, suivi par une froncement de sourcils inquiet. Cet appel à se lever contre Queen, cette tyrannique chroniqueuse, cet oiseau de malheur ; est-ce vraiment une bonne idée ? Oh, Sidney ne craint rien pour elle. Elle a davantage peur pour ses proches et, en l’occurrence, pour l'auteur du message lui-même.

Et c'est, dans un soupir, qu'elle avait repris sa route.

Et elle est là, dans sa chambre, plongée dans ses livres. Sans la moindre conviction pourtant. Ses yeux glissent inlassablement vers sa pendule. Une fois. Deux fois. Toutes les demi-heures. Puis toutes les cinq minutes. Jusqu'à ce que l'attente soit trop insupportable.

Sidney a embarqué sa sacoche, y fourrant une bouteille d'eau, un petit truc à grignoter aussi. Et de quoi noter, on ne sait jamais. Elle a pris sa petite veste chaude puis elle est sortie d'un pas pressé. Avant de courir. Parce que, quelque part, elle a peur de la tournure que les événements vont prendre, mais ça lui donne un semblant d'espoir. Est-ce uniquement par que c'est lui qui a amorcé les choses ? Sans doute. Comme bien souvent, elle le suit comme son ombre. Sans pour autant adhérer. Plutôt pour modérer, tempérer. Apaiser.

Lorsqu'elle arrive, elle le trouve là, la cigarette coincée entre les doigts, les dernières volutes de fumée s'échappant d'entre ses lèvres. Et, bien naturellement, il râle.

« Ah, bah enfin ! J'ai cru que j'allais attendre. »
« Non mais t'es gonflé toi. Envoie moi une limousine avec champagne et roses rouges la prochaine fois que tu voudras que j'arrive plus vite. »

Sidney s'approche, venant donner une petite claque dans l'épaule de son ami d'enfance. L'envie de foutre une pichenette dans sa clope pour le faire arrêter de fumer est une idée très tentante. Mais elle préfère s'abstenir. La brune se cale à côté de lui, regardant autour d'eux.

« Est-ce que t'as préparé ton petit discours, monsieur le révolutionnaire ? »

Cassie pinça les lèvres, les yeux rivés sur son écran de téléphone portable. Quel malotru que ce Nickolas. La demoiselle ne pouvait pas s’empêcher de se méfier de lui et de sa façon de procéder. Quelle stratégie pouvait-il bien mettre en place, mis à part celle de cogner sur tout ce qui bouge et qui pourrait être Queen ? Sans compter que cette tactique restait tout à fait aléatoire, l’identité de la commère n’ayant jamais été révélée. Pas question pour la Real Fake d’en venir aux poings, ni de cogner des innocents.

Enfin. Cassie repoussa sa chaise et quitta son bureau. Elle enfila une paire de tennis (rose pastel, évidemment), avant de se rendre sur le lieu du rendez-vous. Et elle avait hésité, oh oui. Résultat, elle arriverait sûrement en retard. Tant mieux, se disait-elle ; s’ils étaient déjà partis, elle aurait une excuse pour ne pas fréquenter Nickolas plus que de raison.

Après quelques minutes de marche, elle arriva au point de rendez-vous, où seulement deux personnes étaient présentes. Nickolas, et Sidney. Elle les salua de la main, puis alla se placer aux côtés de son amie. Peut-être que sa présence encouragerait Sidney à prendre les devants et séduire le jeune homme !
La demoiselle secoua la tête, bien décidée à se ressaisir avant de commencer à imaginer des scénarios de confessions amoureuses. Le moment était malvenu.

“Il n'y a que nous. Je vous ai entendu parler de discours, tu vas en faire un pour tenter de rallier les troupes ?” demanda-t-elle à Nick, un brin sceptique. “Peut-être pour nous expliquer ce que tu veux qu’on fasse ?”