C’était une journée tranquille. Le soleil brillait dans le ciel et réchauffait l’extérieur du campus. De nombreux élèves profitaient donc de leur temps libre pour être dehors. Mais pas Apple. Non, Apple préférait comme souvent passer son temps à la bibliothèque. Oh, elle ne passait pas sa vie à l’intérieur, non.
Comme tout le monde, l’australienne aimait passer du temps dehors à profiter du soleil, du vent et de l’air frais. Et elle devait s’occuper de sa jument Twilight aussi. La négliger ne lui viendrait pas à l’idée. Surtout qu’elle était née dans un élevage de chevaux et grandi dans les plaines australiennes.
Non, Apple n’était pas une asociale qui passait sa vie enfermée dans sa chambre ou la bibliothèque... Mais ce serait mentir de dire que cela ne lui arrivait jamais. Voyez, elle était non seulement une élève des plus studieuses et appliquées, mais aussi une grande fan de littérature et d’écriture. Quand on était fille de bibliothécaire, cela pouvait se comprendre et justement notre Shakespeare l’était.
Quand elle avait la tête dans ses bouquins ou ses cahiers d’écriture, le monde s’arrêtait de tourner. Et c’était justement ce qui se passait en ce moment même. Elle avait réussi à finir ses devoirs pour le lendemain en avance après un travail acharné et en profitait donc pour se documenter en secret pour son roman.
Ouais, en secret car personne n’était au courant qu’elle en écrivait un. On la connaissait pour ses fanfictions et nouvelles postées sur le net, mais le roman c’était l’étape au-dessus, le Saint Graal. Et ça... Apple était vraiment trop nerveuse pour oser le montrer ou même le mentionner à quiconque.
Si les gens n’aimaient pas ? Si on lui disait que c’était nul ? Si... Non, non et non, c’était beaucoup trop énorme, beaucoup trop important pour oser tout gâcher ! Elle en parlerait que quand il serait terminé. Et peut-être même qu’elle n’oserait pas le montrer avant plusieurs années. Peut-être qu’il resterait anonyme ou oublié dans un tiroir...
La demoiselle poussa un soupir, affalée sur sa chaise dans les fins fonds de la bibliothèque où elle s’était installée. Il n’y avait pas beaucoup de monde aujourd’hui et à cette heure, mais elle préférait ne pas prendre de risques. Plusieurs livres étaient éparpillés sur la table, avec plusieurs cahiers remplis de notes écrites de son écriture fine et élégante parfaitement lisible. Ce qui était dangereux quand on essayait de maintenir le secret, mais elle était juste incapable d’écrire mal. L’horloge sonna et elle sursauta soudain avant de ramasser frénétiquement ses affaires. Son sac était trop petit pour tout contenir, surtout avec les livres qu’elle avait décidé d’emprunter pour la semaine. Elle tassa tant bien que mal ce qui pouvait l’être sans craindre d’être abîmé et empila le reste dans ses bras.
Ce n’était pas vraiment une bonne idée car elle ne voyait plus devant elle, mais elle n’avait pas vraiment le choix ! La minuscule Shakespeare prit son courage à deux mains et s’avança lentement en essayant de voir à travers les livres ou de les contourner avec ses yeux. Pas facile. Elle réussit tant bien que mal à rejoindre la responsable pour qu’elle prenne note de ce qu’elle emportait et à sortir. Alléiua.
Mais alors qu’elle s’éloignait en direction de sa chambre pour cacher tout ça avant de retourner précipitamment en cours... BOUM. Apple tomba sur ses fesses et les livres et les cahiers se répandirent par terre. Malgré le choc, elle réussit à paniquer et entreprit de ramener vers elle frénétiquement les plus compromettants d’entre eux. Son secret ! Personne ne devait savoir !
- E-excusez-moi ! Je ne regardais pas où j’allais... Enfin c’est la faute de ces livres... Pardon, vraiment ! J’espère que vous ne vous êtes pas fait mal !
Elle n’osa pas lever les yeux vers sa victime, de crainte de se faire engueuler. Il ne manquerait plus que ça. Et si elle avait heurté un prof ou un surveillant ?! Oh la honte ! Elle aurait voulu disparaître sous terre comme une souris. C’est alors qu’elle remarqua qu’il lui manquait un livre et un cahier.
Un couinement digne d’une souris justement sortit de sa bouche quand elle constata que l’inconnu les avait ramassés. Sa seule consolation était qu’il semblait trop jeune pour être un professeur ou un autre membre du personnel. Elle ne le connaissait pas, du moins pas elle ne se souvenait pas de lui. Il était beau gosse, mais l’écrivain en herbe avait d’autres choses en tête pour l’instant. Comme par exemple d’être gênée d’avoir bousculé ce pauvre garçon et de vouloir récupérer ses affaires.
L’emploi du temps de la journée ne sortait pas de la normale, vous aviez passer votre temps a observer Innokenti depuis les nombreux écrans de votre salle de contrôle et le Russe avait passé sa journée à vivre sa vie des plus normale. Cours, options et pauses blablatage de temps a autre, rien de très intéressant.
Votre cible était a présent tranquillement en train de se diriger vers la bibliothèque du campus. Cela ne vous étonne pas plus que cela, après tout, vous avez pu le voir le nez fourré dans plusieurs ouvrages traitant de plantes et d’herbes médicinales a plusieurs reprises depuis que vous l’avez mis sous surveillance. Vous savez également que le jeune homme aime passer de longues heures a faire danser ses crayons sur les pages de ses cahiers de dessins ainsi que griffonner, le sourire aux lèvres, des poèmes pouvant parfois se terminés sur des notes positives et d’autres fois, beaucoup moins.
Vous ne comprenez pas ce qui attire tant cet hors-la-loi au monde de l’écriture mais vous n'êtes pas vraiment en position de le lui dire en face a face et même si vous le pouviez, vous ne le feriez pas.
L'intérieur de la bibliothèque vous impressionne toujours autant. Vous n’imaginez même pas combien d’année de savoir et d’etudes en tout genre s'étaient amassées dans ces étagères depuis l’ouverture de cet établissement. Et pourtant, vous voyez la petite tête verte se frayer un chemin le plus naturellement du monde a travers l’immensité d’ouvrages. Le voilà qui saisit soudainement un gros livre vert, le feuilleta quelques secondes puis monta sur l'escabeau situé près de lui afin de s’emparer maintenant d’un petit livre rouge et d’un autre plus volumineux rouge également. Vous zoomez sur les livres depuis votre ordinateur. Les trois indiquent le même nom d’auteur; Tzija Levura. Jamais entendu parler. Ceci dit cela ne vous étonne pas puisque vous ne vous intéressez pas trop au monde de la flore asiatique, contrairement au visiblement très joyeux Innokenti.
Le voilà qui fait volte face et se fraie tout autant élégamment un passage vers l'accueil, visiblement satisfait de l’emprunt qu’il s'apprête a faire.
Et là, c’est le drame. Vous voyez bien la collision qui arrive, presque inévitable, en fait, entre une pile de livre vivante et le Precious. Mais bon. Vous aviez beau crier “ ATTENTION “ a votre écran et aucun des deux n’as écouté. C’est une explosion de livres en tout genre au milieu de la bibliothèque. Quelques regards se tournent vers le duo sur le coup mais bien vite tout les lecteurs retournèrent a leurs occupations. Quel dommage, il n’y avait eu que plus de peur que de mal.
“ Holà Miss, tout va bien ? Attends j’vais t’aider.”
Vous poussez un soupir. Toujours le bon prince, décidément. Vous les voyez s'activer au sol quelques secondes puis se relevés, les bras chargés de livres chacun. Le russe affiche son plus beau sourire ( son sourire habituel ) a la plus jeune.
“Tiens. Je crois qu’on s’est échangés quelques livres par contre, ahah.”
Son regard doux et bienveillant se veut rassurant, cela ne lui a visiblement pas échappé que la collision avait eu pour mérite de faire perdre ses moyens a la grande lectrice qui se trouvait en face de lui.
Apple aurait tellement voulu disparaître six pieds sous terre. Oh là là qu'est-ce qu'elle pouvait être maladroite ! Quelle idée franchement de prendre autant de livres ! Avoir une passion c'était bien, mais ça pouvait être dangereux également dans de telles circonstances, il fallait vraiment qu'elle soit plus prudente. C'était dangereux et embarrassant.
Heureusement que le garçon en face d'elle semblait gentil. Il s'assura qu'elle allait bien et elle hocha la tête sans réussir à ouvrir la bouche. Ses yeux ne pouvaient s'empêcher de fixer ses livres dans les bras de l'étranger. Ne regarde pas, ne regarde pas...
Le secret de son roman était terriblement important pour elle et elle se sentait perdre tous ses moyens. Oh, elle ne savait pas si le garçon allait comprendre. Ou même s'il allait regarder ce qu'elle avait comme livres et carnets. Si cela se trouvait, il n'allait pas du tout y faire attention et son secret serait sain et sauf. Et même s'il regardait, il y avait des chances qu'il ne comprenne pas ce que ça signifiait pas vrai ?
Être paralysée comme c'était ridicule et Apple était pragmatique. Oh, un peu rêveuse, romantique et innocente certes. Mais surtout pragmatique et elle se força à se ressaisir. Se claquer les mains sur les joues aiderait bien, mais... Se rendre encore plus ridicule n'aiderait probablement pas.
- Je vais bien. Merci de t'en inquiéter et de m'aider. Je crois aussi... Il va falloir qu'on fasse le tri.
Plus détendue à présent, elle lui sourit cependant timidement, toujours un peu déstabilisée et entreprit de vérifier les titres des livres qu'elle tenait. L'un d'eux ne lui appartenait pas et elle le tendit au prince, enfin au garçon avec ses deux mains.
- Tiens, celui-là n'est pas à moi.
Une fois débarrassée, elle vérifia soigneusement ceux qui lui restait et soupira de soulagement avant de les mettre dans son sac. Mais il lui en manquait toujours quelques-uns... Elle regarda donc par terre pour vérifier qu'ils n'y étaient pas restés. Le garçon avait encore des livres dans les bras, mais elle était trop timide pour oser lui demander de regarder si c'était vraiment les siens ou pas.
- Je... Je m'appelle Apple. J'appartiens aux Shakespeare et je suis en cinquième année. Et toi ?
Elle ne savait pas pourquoi, mais elle se sentait d'humeur à faire connaissance. Peut-être pour lui faire oublier son stress et son intimidation face à ce garçon pourtant si gentil. Ou peut-être simplement parce qu'elle était d'une nature super sociable. Se faire de nouveaux amis c'était normal à ses yeux et elle ne perdait jamais une occasion d'en apprendre plus sur les gens.
Elle releva la tête pour le regarder et des mèches brunes lui tombèrent sur les yeux alors elle les chassa d'un revers de main. Un petit sourire timide aux lèvres et la tête légèrement penchée sur le côté par la curiosité. Ouais, Apple était vraiment une fille adorable qui aimait la vie et les gens.
- Je ne crois pas t'avoir déjà vu... En même temps, il y a tellement d'élèves dans cette école que c'est dur de connaître tout le monde. Oh, je crois que ce livre m'appartient, ajouta-t-elle en pointant du doigt un des romans que le garçon tenait.
Timide certes, mais toujours un peu moins après les premières minutes de la première rencontre. Quand on aimait la compagnie de l'espèce humaine et qu'on ne supportait pas la solitude, il fallait bien faire des efforts.
Ca en fait quand même une pile de livres à ramasser. Vous auriez voulu pouvoir aider la jeune fille, la voyant presque disparaître sous le poids de la gêne occasionnée par la perte de ses livres. Heureusement Innokenti se faisait le plus courtois possible, une habitude ou un rôle qu’il savait bien jouer, vous ne le saurais jamais vraiment et c’est ce qui vous fit tiquer d'énervement. Jamais la dénommée Apple ne saura qu’elle a en face d’elle un bandit internationalement recherché ni même que chacune des paroles qu’elle s’entendrais dire étaient probablement fausses. Qu’il était facile de se faire passer pour quelqu’un d’autre pensiez vous.
Enfin, vous n'étiez pas là pour vous énerver contre votre écran ni remuer des idées philosophiques dans votre tête.
- Ravi de faire ta connaissance ! Moi c’est Innokenti mais tu peut m’appeller Inno, si tu veux ! Je suis un Precious de 6e année.
Puis lui rendant finalement les livres qui ne lui appartenaient pas il repris la parole.
- C’est possible, je ne suis arrivé que cette année et j’ai tendance à courir un peu partout à la fois. Ceci dit on peut souvent m’apercevoir dans les jardins étant donné que je fait parti du club de jardinage !
Et le voilà qui bombe le torse, tout fier d’annoncer son appartenance au club des mains vertes. Vous avez l’habitude de le voir ainsi, se comportant presque comme un gamin. Vous froncez les sourcils en sirotant votre café.
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