FUCKING TIM. Pourquoi ce mec est toujours en vie ? De la crème. Sur son matelas. Il allait le regretter, ça c’était certain. Connor soupire alors qu’il arpente les couloirs. Il avait besoin de respirer et respirer voulait dire ... très loin de la chambre commune. Les dortoirs étaient devenus beaucoup trop étouffants. Sûrement le fait que cohabiter avec cinq personnes pouvait s’avérer ... compliqué. C’était difficile de marcher sans rencontrer un gens tous les 20 mètres. S29. S30. S31.
Il a étrangement l’impression de s’être trompé de direction. Le faux-blond avança tout de même, sûrement à la recherche de quelque chose. Quelque chose. On ne sait quoi. Peut-être une lentille, une pomme, un cri. Ou des cris.

Il sursaute. De Péval hésite à avancer. Il le fait quand même. S35. Il reconnaît cette chambre. Il reconnaît une des personnes à l’intérieur. Narcisse. Il se redresse et entre après avoir naturellement toqué à la porte. Un instinct inutile alors que son regard se pose sur le lit. Apparemment celui de son ami.
» C’est quoi cette mauvaise blague ...
Un corbeau. Mort. Qui baigne dans son sang. Ok. Un scénario digne des meilleurs films nanars. Qui oserait faire une chose pareille ? Dégoûtant. Il se retient de pester, de vomir, de maudire. Son regard n’arrive pas à quitter la scène du regard ; il n’était pas le seul. Connor se mord la lèvre, pas sûr que parler à l’instant arrangerait quelque chose. Il s’approche doucement de son camarade. Ses pas sont contrôlés, son souffle coupé avant de finalement poser la main sur l’épaule du concerné.
» ... Narcisse ?

Il était sûr que ce qu’il voyait était illégal. Mais ce dont il était d’autant plus certain c’est que ... ce n’est pas la première fois. Un connard s’amusait à bully le plus grand. Est-ce qu’il serait vraiment capable de tenir encore longtemps ? Foutues conneries.

En tant que chat ayant la responsabilité d’un humain, je me dois d’être toujours au top de ma forme, d’être l’incarnation de la perfection féline, le digne représentant de l’Humaine en chef qui m’as chargée de ma mission de protecteur du roi. Alors je chasse, tout les jours, toutes les nuits et parfois même le matin afin de garder mon corps d’athlete.

Pourtant, ce trophée sur le lit de mon maître n'est absolument pas de moi. Ni même de l’un de mes confrères, le travail manque de précision, de détails, de classe. Non, non, ça ne peut être que l’oeuvre d’un amateur sans nom. Mais ça, mon humain ne le sais pas et a en voir sa tête je pense qu’il n’as pas la tête a critiquer artistiquement le travail de la dissection de cet oiseau.

J’aimerais pouvoir lui dire, au moins, qu'à en juger par l’odeur le chasseur n’est autre qu’un humain. Enfin, rien qu’a en juger par la carcasse en fait. Mais tout cela restera un secret pour mon humain, évidemment. Il observe silencieusement le trophée qui jonche devant lui, j'espère qu’il ne pense pas qu’il s’agit de quelque chose de toute beauté car j’en serais extrêmement vexé.

Tiens, quelqu’un arrive.

» ... Narcisse ?

Mon humain sursaute violemment a l’entente de ces mots, visiblement perdu dans ses pensées ( cela lui arrive très souvent ), le voilà qui regarde terrifié le nouvel humain venu. Je m’approche de lui pour l’analyser de plus près ( je n’ai jamais eu l’occasion de le faire avant aujourd’hui ) et quelque chose me frappe immédiatement. Cet humain a la aura que l’un d’entre nous. Un chaton. Ceux qui ne savent pas encore chasser comme leur mère mais qui le font quand même, par plaisir et puis parce que c’est intéressant. Mais surtout, il a l’odeur de la chasse récente sur les mains et par chasse récente j’entend, le genre de chasse qui ressemble a la chasse qui a fini sur le lit de mon humain.

Alors, je hérisse le poil et me met a lui cracher dessus. Cela ne m’aurait pas dérangé qu’il vienne ainsi dans ma demeure si ce n'était que pour discuter avec mon humain mais, ce que je n’aime pas c’est qu’il soit un chasseur, comme moi. Il ne peut y avoir qu’un seul chasseur aux côté de mon humain et celui-ci n’en fera pas parti.

Malheureusement mon comportement signera la sortie de torpeur de Narcisse. Mon humain tourne un regard affolé vers moi et tente de me prendre dans ses bras.

“Jury, calme toi, je t’en prit. Que t’arrives-t-il, si soudainement, enfin ?”

Puis il dirigea son attention vers l’humain-chaton.

“Excuse le...enfin excuse moi aussi. Je, euh. Ne t’inquiète pas pour moi, tout va bien, ce genre de choses arrivent souvent. J-J’imagine que c’est ce qui arrive quand on a un chat qui aime chasser…”

Sa voix sonne affreusement fausse et il le sais, mon humain n’est pas du genre a mentir.

Un chat. Le regard de Connor se pose sur la créature qui avait toujours bon de venir dire bonjour. Charmante. Il l’écraserait volontiers sous son pied. Le faux-blond se contente de forcer un sourire et reporter son attention sur Narcisse. Il n’était pas d’humeur à sympathiser avec les boules de poils.
» Dur de se dire qu’une chose si adorable puisse te rapporter une cadeau aussi sanglant.
Il adresse un coup d’œil rapide au reste de volaille qui plane sur le lit. Sacré trophée. Ca manquait toutefois d’originalité. La prochaine fois, peut-être. De toute façon, il n’eut pas le temps de s’y attarder, le ton du ‘roi’ sonnait très faux à ses oreilles. Il n’appréciait pas quand Narcisse lui cachait des choses. Il était une de ces personnes qu’il côtoyait tous les jours et qu’il arrivait à comprendre plus au moins avec les temps.
Il voulait que ça soit réciproque.
» Mais on sait tous les deux que ce n’est pas le cas.
La déclaration est à peine soufflée, alors qu’il fit un pas vers la teinture blanche. Sa main effleura le chat avant de se poser sur l’avant-bras du concerné.
» Allons parler dehors.
Il salua les personnes présentes dans la pièce avant d’attirer le plus grand à l’extérieur. Si Narcisse allait parler, il n’allait pas le faire avec un cadavre sous les yeux et des regards plantés sur lui. Un couteau était bien assez. Puis, ils étaient plus au calme, ainsi ...

De Péval soupira.
» Are you being bullied, again ?

C’est en réprimant a grand peine un sanglot que mon humain hoche la tête et suis le chasseur en dehors de la pièce. Et je les suis aussi, bien sûr. Hors de question que je laisse mon humain seul avec une tel personne, si quelqu’un peut le défendre ici c’est bien moi. Mon humain prit une grande inspiration avant de répondre d’une voix encore plus basse que d’habitude. On aurait presque dit qu’un courant d’air risquait de faire s’envoler ses mots très loin dans le ciel.

“Oui...enfin, n-non.”

Son regard fuyant chercha le réconfort de ma présence et une fois trouvé il réussi a reprendre un peu plus de sa contenance.

“J’ai l’habitude maintenant, ne t’en fais pas pour moi…”

Moi, personnellement, je m’en fait. Et même pas mal. Surtout quand on croit comprendre ce qu’il se passe dans cette situation.

Oui. Enfin. Non. Enfin oui, peut-être. Mais pas vraiment. Non mais tu sais, c’est un oui mais un non aussi ! C’est--
C’est quoi cette réponse. Connor se retint fortement d’exploser de rire. Pas qu’il trouvait ça hilarant, c’était si attendrissant et adorable, si triste de voir une telle créature martyrisé. Il n’avait rien demandé. Mais il acceptait quand même son sort ; comme la nature naturelle, la fatalité des choses, un quotidien tout à fait ordinaire. Waouh. Quel con.
Le faux-blond se mord la lèvre sur le coup. Il ne sait vraiment pas quoi dire. Il était évident que Narcisse n’allait pas bien. Donc oui.
» Je m’en fais.
Il force un petit sourire de compassion, essayons de remonter un peu le moral du concerné. Il ne pouvait pas imaginer ce que ça devait faire. Il pouvait au moins ... essayer de l’aider. A sa façon. On verra. Argh.
» Est-ce que ... tu en as parlé à quelqu’un ? A un responsable, je veux dire.
Parce que oui, ça serait peut-être le moment, sinon à ce rythme, c’est la santé mentale de Narcisse qui risquait de prendre, déjà qu’on doutait de son bon fonctionnement ahaha. Double Argh.

Il secoue la tête a la question de ce que j’imagine être son ami. Tripotant nerveusement le bout de sa veste je vois deux grosses larmes rouler doucement sur ses joues alors qu’il semble hésiter à prendre la parole.

“...ça fait un moment maintenant, je pense que c’est un peu tard pour en parler a quelqu’un…”

Il s’essuis les yeux avec sa manche pendant que je me frotte a ses jambes pour le réconforter. Si j'avais sût qu'il avait été victime de tout cela depuis avant mon arrivée j'aurais prit les choses en pattes depuis le début.

Ce n’est jamais tard ... Bon dieu, il ne s’attendait vraiment pas à voir Narcisse pleurer. Ca lui brisait le corps et Connor perdait un peu ses moyens. Il voulait le rassurer mais D’orléans se morfondait sur lui-même. Comme s’il n’y avait plus d’espoir ! Il méritait toutes les étreintes du mon-
Corbeau, corbeau, oui, on a compris, ta gueule. Attends ? Son corbeau ?
Le faux-blond se retourne et pose ses yeux sur le colocataire en panique. Pour de la panique ... on aurait dit qu’il allait pleurer, crier et tuer quelqu’un ou quelque chose, au choix. Connor ose lentement s’approcher, attire l’attention sur lui et essaie simplement de calmer les choses.
» Je suis vraiment désolé ... On est tous en choc total. Mais pour rester rationnel, c’est peut-être juste le chat de Narcisse.