Une poigne l'a arrêté, des mots lui paviennent, mais il refuse d'écouter, Artus. Son regard est perdu parmi les vagues. Et il souhaite apercevoir la moindre petite chose qui pourrait lui indiquer qu'Alex est toujours là. Mais rien. Et on l'embarque.

C'est alors que la douleur devient de plus en plus omniprésente. Il grimace et, compressant la blessure avec sa main, il s'entretient avec les militaires sur la suite des opérations. Il fut convenu que tout le monde serait rassembler à l'école avant de transporter les blessés les plus urgents à l'hôpital.

En peu de temps, le pompier devient de plus en plus blême, mais il garde la tête haute. Il le faut. C'est son devoir. Il faut qu'il s'assure que Cody et Enola soient correctement pris en charge, qu'il donne des consignes à Joach, qu'il s'assure qu'Adam va bien.

Une fois à Blenheim, Artus est conduit avec les autres à l'intérieur. Le pompier prend soin à ne pas trop s'exposer compte tenu de sa blessure. Il ne faudrait pas provoquer la panique. Il lâche sa plaie, grimaçant, avant d'attraper fébrilement sa radio.

« Joach… ici Artus. Tout va... bien de ton côté ? »

La voix de son subordonné grésille de l'autre côté ; il apprend qu'ils rapatrient tout le monde vers Blenheim, conformément à la procédure mise en place avec les militaires. Un silence s'installe avant que la voix désolée de Joach ne traduise encore sa peine concernant Nalak, le chien de la caserne.

Mais aucune réponse ne sera donnée à Joach ; Artus a perdu conscience à cause de la douleur et de la quantité de sang perdu.

Il avait été … surprit. De prime abord, Chester ne se serait jamais imaginé recevoir pareil requête de la part de la demoiselle à l’émeraude chevelure. Mais soit, pourquoi pas. Si c’était là le seul moyen qu’elle avait de rester calme. Et puis, la Seo semblait être empreinte d’une gentillesse à toute épreuve et d’une empathie encore plus grande. On voyait bien qu’elle se faisait du souci pour les autres avant de s’en faire pour elle. Rien qu’à voir de quelle manière elle était intervenue en la faveur de Chester l’avait conforté dans cette idée.

Ainsi, tandis que leurs doigts se joignaient les uns aux autres, le Montugen menait la marche, en direction des sous-sols où devait se trouver le générateur de secours. « Je vous remercie de votre compassion, mademoiselle. Tout le monde n’en aurait pas fait autant. » Il le pensait sincèrement. Car Chester n’était ni rompu à mentir, ni friand de cette pratique. Pour l’essentiel, du moins.

Seulement, alors qu’ils étaient presque parvenus à rejoindre le hall principal, la lumière refit brusquement son apparition, signe que le générateur avait été enclenché. Ils se retrouvèrent donc ainsi, debout, côté à côté et les doigts liés. Chester se surprit à penser que l’instant avait été bien trop court, mais il détruisit ce contact de lui-même, avançant seul vers la foule. « Je ne voudrais pas vous incommoder des rumeurs autour de ma présence. » Dit-il simplement. Aucune amertume particulière, un simple constat. Les rumeurs allaient vite ; ici encore plus qu’ailleurs.

Et puis, il avait d’autres choses auxquelles penser. Comme organiser un peu mieux l’arrivée des nouveaux arrivants, par exemple.

J’avoue que j’ai été… secoué. Ouai, c’est ça, le terme. Secoué. Et puis même, la surprise et tout le reste, ça m’a rendu putain de perplexe. J’ai senti que ma prise se desserrait plutôt violemment et puis… Y’a eu un cri, un hurlement. Je me suis d’abord inquiété pour Hanna.

Ce n’est qu’en retrouvant une vue correct avec la lumière revenue que j’ai constaté que celle que j’avais dans les bras depuis tout à l’heure, ce n’était pas Hanna. C’était Étoile. Étoile Leprince. Une des nanas que je ne peux pas m’encadrer, évidemment. Putain mais j’ai vraiment été con, ce n’est pas possible à ce stade.

J’allais pour lui gueuler dessus mais en fait, je n’y suis pas arrivé. Pas à cause de tous les gens qui me regardait sans comprendre ou autre, non ça je suis habitué. Mais parce qu’elle avait l’air vraiment mal. Pour une fois. Alors j’ai rien fait et… pour une fois j’ai été plutôt content que Roméo vienne de lui-même à ma rencontre. Je ne sais pas s’il a compris qu’il y avait un souci mais il s’est couché près d’Etoile. Pour la calmer, peut-être ? J’en sais rien. Après tout, elle a adopté deux de ses filles, à mon clebs. Peut-être qu’il en a eu le souvenir ?

Quoi qu’il en soit, moi je ne pouvais rien faire pour elle. Alors…

« J’te laisse Roméo jusqu’à ce que tu te calmes. Désolé pour ça. »

Je ne savais pas quoi dire de plus. Je suis juste retourné m’asseoir à côté d’Hanna. Pour de vrai, cette fois.

J’avais pas relevé la tête depuis tout à l’heure. On me foutait la paix et c’était très bien comme ça. J’ai pas capté immédiatement que la lumière était revenue, d’ailleurs. Ce n’est qu’en constatant que des gens arrivaient et que les portes d’entrées s’ouvraient enfin que mon attention a été captée une nouvelle fois.

Je me suis redressé sur mes deux jambes, patientant pour je ne sais trop quoi. J’ai senti mon portable vibré. Message de ma mère, qui me demandait si ça allait. Apparemment elle venait de voir des infos relatives à l’étranger et elle s’inquiétait pour moi. J’allais pour lui répondre quand j’ai entendu mon nom. Le mien. Avec sa voix. La sienne. Celle de Keiko.

Alors j’ai plus réfléchis. J’ai lâché le portable, relevé les yeux.

« Keiko ! »

Immédiatement, mes paumes ont entourées son visage. J’ai eu tellement peur putain. J’ai l’impression qu’un poids s’est enlevé de mes épaules en instantané. C’est grisant. Mais bref, c’est pas le plus important.

« Tu vas bien ? T’es pas blessée ? »

Elle a pas l’air. Même si je connais l’animal, elle n’avouerait jamais être blessée si facilement. Pas grave, je suis déjà content de la voir en un seul morceau. Par contre, elle est frigorifiée. Et détrempée. Ni une ni deux, je me déleste de ma veste et je la lui colle sur le dos.

« Ça vaut ce que ça vaut mais au moins… »

Et puis, comme un instinct, je la ramène contre moi. Je me fous pas mal de ma main rouge d’avoir cogné l’autre débile. Tout ce qui compte, c’est elle.

Tout s'était passé comme si on avait bloqué une télécommande sur avance rapide, à un moment, ils étaient dans le bateau , des cris incompréhensibles sous la pluie qui faisait encore rage, et puis d'un coup, ils étaient dans l'hélicoptère, des pansements sur leurs plaies en attendant de pouvoir aller dans un hôpital et zou, déposés au palais, en sécurité, avec plein d'autre gens et il perdit de vue Artus et Mme Beauchamp. Pas cool! Pas cool du tout! Nul!
Il était là, paumé, le sang dans ses cheveux ressortait trop sur le blanc, ses mains étaient encore pleine de celui du pompier et son visage ne devait franchement pas être mieux, le bandage autour de sa tête était déjà dégouttant, mais ça ne coulait plus. Bien. Ahah, dans un autre contexte, il aurait peut-être pris un selfie. Super costume d'halloween...
Dommage. Pour une fois, il ne trouvait rien de drôle à la situation. Il était juste fatigué et terrifié, hors de question d'être vu comme ça par les autres ! Il allait juste, aller se laver les mains et rester dans un coin. Ouais. Bon plan ! Quel génie qu'il est !

Elle ne s'attendait pas à voir une telle réaction de sa part, mais elle ne relève pas ; elle est simplement rassurée de voir qu'il est en bonne santé. Elle cligne des yeux lorsque ses mains cueillent son visage ; son inquiétude la surprend également. Ah, ça doit être le sang de June sur elle qui a dû provoquer ça.

Keiko secoue donc la tête, posant ses mains sur les poignets de Yugi pour lui faire lâcher prise. Sans brutalité. Juste simplement, doucement. Un sourire étire le coin de ses lèvres.

« Depuis le temps, tu devrais savoir que j'suis increvable. »

Elle s'apprête à se déporter pour regarder autour d'elle mais, déjà, Yugi retire sa veste pour la coller sur son dos ; la chaleur qui s'en dégage la fait frissonner. Il y a son odeur, sa chaleur, c'est rassurant quelque part. Et quand il la prend dans ses bras, elle cligne une nouvelle fois des yeux. On dirait qu'il a vraiment eu peur pour elle. Elle se pince les lèvres et finit par lui retourner son étreinte, lentement, hésitante.

« Tu vas être trempé, baka. »

Mais elle ne bouge pas, observant les gens autour d'eux ; on dirait qu'il n'y a pas beaucoup de blessés ? A moins qu'ils aient déjà été transportés ?